Unedes caractĂ©ristiques principales qui distingueront cette nouvelle rĂ©volution de la RĂ©volution française de 1789-1794 sera, selon Marx, son « antiĂ©tatisme », sa rupture avec l’appareil bureaucratique aliĂ©nĂ© de l’État. Jusqu’ici, « toute les rĂ©volutions ont perfectionnĂ© cette machine au lieu de la briser. Bibliographiecritique. Jean Ehrard, PrĂ©face aux ConsidĂ©rations sur les [] Romains, Paris, Garnier-Flammarion, 1968.. Georges Benrekassa, La Politique et sa mĂ©moire : le politique et l’historique dans la pensĂ©e des LumiĂšres, Paris, Payot, 1983. Catherine Volpilhac-Auger, Tacite et Montesquieu, Oxford, Voltaire Foundation, SVEC, 1985. AudelĂ  des considĂ©rations de Paul Viallaneix, dans son article relatif Ă  Michelet, Ă©vangĂ©liste de la RĂ©volution française, donc sur un Ă©crivain pris encore dans la passion d'une "histoire immĂ©diate de la RĂ©volution française", Paule Petitier met l'accent sur le contraste entre une rĂ©volution française que l’historien fait en Ă©crivant son histoire au cours des annĂ©es 1846 2) Germaine de StaĂ«l, ConsidĂ©rations sur les principaux Ă©vĂ©nements de la rĂ©volution française, Éditions Charpentier, 1843, pp. 297-298. (3) On doit Ă  Henri Guillemin, tout au long de ses trois livres dĂ©diĂ©s Ă  la 1834Études sur les poĂštes latins de la dĂ©cadence, 2 vol.. 1835 Histoire et description de la ville de NĂźmes. 1838 MĂ©langes, 2 vol.. 1840 PrĂ©cis de l’histoire de la littĂ©rature française. 1842 L’éloge de la folie, et Ă©tudes sur Érasme. 1844 Histoire de la littĂ©rature française, 4 vol.. 1850 Les classes moyennes en Angleterre et la bourgeoisie en France kFyv7. Que deviendront-ils ? Des Français, des Citoyens français ? ou Resteront-ils des Ă©trangers ?1re partie 1789 - 1793 Cejourd’hui, trente Messidor septiĂšme annĂ©e de la RĂ©publique française, par devant nous, Jean Louis Latois, PrĂ©sident de l’Administration municipale du Canton d’Hauteville, sont comparus dans le local destinĂ© Ă  la rĂ©union des Citoyens du chef-lieu dudit canton pour contracter mariage d’une part Joseph France, se disant hongrois et dĂ©serteur Ă©tranger, rĂ©sidant dans le canton d’Hauteville depuis 3 ans et actuellement demeurant Ă  Landricourt, mĂȘme canton, dĂ©partement de la Marne, ĂągĂ© de 23 ans, fils de Joseph France, chapelier, demeurant Ă  Tourne en Hongrie et de Marie Anne Anius ; d’autre part Marie Marguerite Loisy... » Extrait de l’acte de mariage de Joseph France du 18 juillet 1799 Ă  Sainte-LiviĂšre Marne [1]. Ce type d’acte Ă©tabli durant la pĂ©riode rĂ©volutionnaire provoque chez celui qui entreprend des recherches plus de questions que de rĂ©ponses et ce d’autant plus que toutes les informations ne reposent que sur de simples dĂ©clarations, donc peu fiables. Ainsi, son Ăąge lors de son mariage, 23 ans, semble pour le moins incertain, car, si lors de la naissance de ses premiers enfants il correspond, Ă  partir de 1813 et Ă  son dĂ©cĂšs en 1848, il est dĂ©clarĂ© avoir une dizaine d’annĂ©es en plus. Joseph France, nom sans aucun doute francisĂ©, Ă©tait-il, lorsqu’il Ă©pouse une Française, encore Hongrois ou dĂ©jĂ  Français, comme sa qualitĂ© de dĂ©serteur Ă©tranger pourrait le laisser supposer ? Son Ă©tat de dĂ©serteur Ă©tranger, quand on considĂšre la date tardive du mariage, Ă©tait-il rĂ©el ou seulement mis en avant pour faciliter sa situation en France et par lĂ , son mariage ? Et s’il n’était qu’un de ses nombreux prisonniers de guerre qui, Ă  l’inverse de l’énorme majoritĂ© voulant retourner au pays par quelque moyen que ce soit, dĂ©sirait sincĂšrement rester en France pour s’y installer dĂ©finitivement ? Quelle serait alors sa vĂ©ritable situation administrative ? Quand et comment aurait-il acquis la nationalitĂ© française, s’il l’avait obtenue ? Quels Ă©taient ses droits et ses devoirs vis-Ă -vis de sa terre d’accueil ? Et puis son statut d’ Ă©tranger » fut l’objet, au cours de la RĂ©volution française, de tellement de lois et dĂ©crets divers et variĂ©s que, lui-mĂȘme, ne savait probablement plus au juste quelle Ă©tait sa vĂ©ritable situation. Le but de cet article est de tenter d’apporter une rĂ©ponse Ă  ces questions en dĂ©crivant l’évolution des concepts de citoyennetĂ© et de nationalitĂ© au cours des annĂ©es 1789 – 1803, concepts soumis aux convulsions provoquĂ©es tout Ă  la fois par les Ă©vĂ©nements extĂ©rieurs, la politique intĂ©rieure, la volontĂ© des dirigeants nationaux contrecarrĂ©e parfois par les dĂ©bordements des rĂ©volutionnaires locaux, alĂ©as qui font qu’à la mĂȘme pĂ©riode, pouvaient ĂȘtre prises des dĂ©cisions contradictoires dans la mesure oĂč, entre la lĂ©gislation nationale et l’interprĂ©tation qui en Ă©tait faite au niveau local, chacun avait sa propre conception de ce qu’aujourd’hui on qualifierait de naturalisation » et voulait, au nom de la LibertĂ©, l’imposer aux autres. Pour ce qui nous intĂ©resse, nous prendrons essentiellement en compte les Ă©trangers nĂ©s hors de France de parents Ă©trangers, c’est-Ă -dire aussi bien ceux dĂ©jĂ  installĂ©s avant la RĂ©volution, que ceux contraints et forcĂ©s par les combats d’y vivre durant la pĂ©riode considĂ©rĂ©e c’est-Ă -dire les dĂ©serteurs Ă©trangers et les prisonniers de guerre, pour qui la naturalisation est le seul moyen d’acquĂ©rir la citoyennetĂ© française, mais partiellement aussi ceux qui, par extension, seront dĂ©clarĂ©s Ă©trangers » par le pouvoir du fait de leur attitude face Ă  la RĂ©volution et qui, en consĂ©quence, perdront la citoyennetĂ© et se trouveront alors exclus du corps social. Petit rappel historique AssemblĂ©e Nationale Constituante juillet 1789 – octobre 179114 juillet 1789 Prise de la Bastille4 aoĂ»t 1789 Abolition des droits fĂ©odaux26 aoĂ»t 1789 DĂ©claration des Droits de l’Homme3 septembre 1791 Constitution de 1791 AssemblĂ©e LĂ©gislative octobre 1791 – septembre 179222 avril 1792 dĂ©claration de guerre Ă  l’Empire austro-hongrois20 septembre 1792 Bataille de Valmy La Convention Nationale septembre 1792 – octobre 179522 septembre Proclamation de la RĂ©publique21 janvier 1793 ExĂ©cution de Louis XVIAvril 1793 CrĂ©ation du ComitĂ© de Salut Public24 juin 1793 Constitution de 17935 septembre 1793 Instauration de la Terreur22 aoĂ»t 1795 Constitution du 5 Fructidor An 3 Le Directoire octobre 1795 – 9 novembre 1799Deux chambres lĂ©gislatives le Conseil des Cinq-Cents et le Conseil des Anciens Le Consulat 10 novembre 1799 – 18 mai 18049 novembre 1799 Coup d’État du 18 Brumaire An 813 dĂ©cembre 1799 Constitution du 22 Frimaire An 818 mars 1803 Code civil du 27 VentĂŽse An 11 Étranger sous l’Ancien RĂ©gime Avant 1789, sous l’Ancien RĂ©gime, seul le roi pouvait accorder aux Ă©trangers vivant sur le territoire les aubains » des lettres de naturalitĂ© » faisant d’eux des sujets. Cette naturalisation dĂ©pendait exclusivement de la volontĂ© du souverain qui Ă©tait libre de l’accorder ou de la refuser. Mais, dans la vie quotidienne, est-ce que les Ă©trangers installĂ©s alors dans le royaume, Ă©prouvaient le dĂ©sir de solliciter cette naturalisation ? Comment Ă©taient-ils perçus par la population avec qui ils vivaient ? Cette lettre de naturalitĂ© leur aurait-elle permis de mieux s’insĂ©rer dans la sociĂ©tĂ© et leur aurait-elle procurĂ© quelque avantage qu’ils n’avaient pas en gardant leur statut d’étranger ? Trois mariages d’étrangers avec une Française contractĂ©s Ă  Nogent-sur-Seine dans l’Aube avant la RĂ©volution donnent un aperçu de la situation sur le terrain. D’abord, en 1775, celui de Dominique Nardi avec Marie Anne AugĂ© Le 6 juin 1775. AprĂšs la publication des bans faite aux prĂŽnes des messes de paroisse les 7, 14 et 21 may, sans qu’il se soit trouvĂ© un empĂȘchement ou opposition quelconque, les fiançailles cĂ©lĂ©brĂ©es la veille, Dominique Nardi, fils majeur de LĂ©onard Nardi, vigneron Ă  Jouviane de la RĂ©publique de Lucques, et de Marie Nicole Brachini, ses pĂšre et mĂšre, d’une part, et Marie Anne AugĂ©, fille mineure de feu Pierre AugĂ©, vivant compagnon de riviĂšre et de Marie Moinat, ses pĂšre et mĂšre, tous deux de fait et de droit de cette paroisse, ont reçu la bĂ©nĂ©diction nuptiale de nous, vicaire soussignĂ©, vu le consentement du pĂšre du contractant, comme il appart par une missive de frĂšre BarthĂ©lĂ©mi de Lucques, gardien des Capucins, en datte du 29 mars, trouvĂ©e d’ailleurs suffisante par Monseigneur l’évĂȘque de Troyes, certains aussi de sa libertĂ© par acte authentique signĂ© Jean Ignace Lippi, vicaire gĂ©nĂ©ral de l’archevĂȘchĂ© de Lucques, contresignĂ© Jean Baptiste Christe Fani, chancelier dudit archevĂȘchĂ© en datte de 25 mars annĂ©e susdite en prĂ©sence de Jean Eloy Berger, menuisier, de Laurent Beau, boucher, de la mĂšre de la contractante, de Jean Moinat, pĂȘcheur et de Antoine Millet, cordonnier qui ont signĂ©. Les contractants n’ont pas signĂ©. » Puis, en 1782, celui de Bernard Barsanti avec Marie Anne Françoise Bussot Le 5 fĂ©vrier 1782, aprĂšs la publication des bans faite aux prĂŽnes des messes paroissiales de cette Ă©glise les 8, 20 et 24 janvier prĂ©sent, sans opposition ny empĂȘchement parvenus Ă  notre connaissance, les fiançailles cĂ©lĂ©brĂ©es, Bernard Barsanti, manouvrier, fils majeur du deffunt Michel Barsanti, laboureur Ă  Julianne en Italie et de Marie Mathieu Braccini, ses pĂšre et mĂšre, d’une part, et Marie Anne Françoise Bussot, fille mineure de Nicolas Bussot, marinier et de la deffunte Margueritte Oudard, ses pĂšre et mĂšre, d’autre part, tous deux de fait et de droit de cette paroisse, ont reçu de nous, vicaire soussignĂ©, de leur plein et mutuel consentement la bĂ©nĂ©diction nuptiale en prĂ©sence du pĂšre de la consentante, de Pierre JĂ©rĂŽme Banot, oncle de la contractante, de Martin Antoine Paulantru, fabriquant de souliers, de Louis Martin, maçon, de Nicolas François Champenois, boulanger, tous trois amys du contractant qui ont signĂ© avec nous, les contractants ont dĂ©clarĂ© ne savoir signer. » Et enfin, en 1792, celui de Dominique Lucariny avec Victoire Gabrelle 21 aoĂ»t 1792, aprĂšs la publication de promesse de mariage faite aux prĂŽnes des messes paroissiales de cette Ă©glise le 12, 15 et 19 du prĂ©sent mois et an, sans aucun empĂȘchement parvenu Ă  notre connaissance, les fiançailles ce jour Ă©tant prĂ©alablement cĂ©lĂ©brĂ©es, Dominique Lucariny, figuriste en plĂątre, fils majeur de Regle Lucariny, laboureur Ă  Tereille et de feu Catherine Fontaine, ses pĂšre et mĂšre de la RĂ©publique de Lucque en Toscane, d’une part, et Victoire Gabrelle, fille mineure d’Antoine Gabrelle, manouvrier et de GeneviĂšve Vincent, ses pĂšre et mĂšre en cette paroisse de Nogent-sur-Seine, d’autre part, tous deux de droit de cette mĂȘme paroisse, ont de nous vicaire de ladite paroisse de Nogent, de leur plein et mutuel consentement reçu la bĂ©nĂ©diction nuptiale , du consentement du pĂšre du contractant selon qu’il nous appart par l’acte authentique passĂ© Ă  l’ArchevĂȘchĂ© de Lucques Toscane et en prĂ©sence du pĂšre de la contractante avec nous soussignĂ©, de sa mĂšre qui a dĂ©clarĂ© ne savoir signer, de Jacques Vincent, bourrelier, son oncle, Jean Pierre Herluison, tourneur avec nous de soussignĂ©s et de Bernard Barsautz, manouvrier qui a dĂ©clarĂ© ne savoir signer ainsi que la contractante. Le contractant a signĂ© en italien Domenico Lucarini. » Ces trois actes de mariage peuvent ĂȘtre considĂ©rĂ©s comme de la mĂȘme Ă©poque, car celui datĂ© de 1792, bien que pendant la RĂ©volution, est encore Ă©tabli par le curĂ© de la paroisse de Nogent-sur-Seine, le nouveau calendrier et l’état civil n’entrant en application que l’annĂ©e suivante et les bouleversements politiques et lĂ©gislatifs Ă  Paris ne semblant pas avoir encore eu d’effet Ă  l’échelon local. De plus, ils sont identiques dans leur dĂ©roulement. Dans deux cas, le mariage est soumis exactement aux mĂȘmes conditions que pour un mariage entre Français issus de paroisses diffĂ©rentes. Le contractant, nĂ© hors de Nogent, est obligĂ© d’obtenir de sa paroisse d’origine, outre le consentement de son pĂšre, celui des autoritĂ©s ecclĂ©siastiques, ici de Toscane. A aucun moment, il n’est fait allusion Ă  sa nationalitĂ© italienne, comme si la nationalitĂ© des deux contractants n’avait aucune influence sur cette union, ainsi que sur leur vie future au sein de la commune. Alors que, comme nous le verrons par la suite, lors de leur mariage, le premier habitait Nogent depuis dĂ©jĂ  7 ans, donc peut ĂȘtre considĂ©rĂ© comme intĂ©grĂ©, le troisiĂšme, au contraire, n’y Ă©tait installĂ© que depuis 2 ans, donc encore partiellement Ă©tranger, comme sa signature en italien semble le confirmer. Le cas de Bernard Barsanti est encore plus explicite quant Ă  l’indiffĂ©rence concernant son origine Ă©trangĂšre. Bien que nĂ© en Italie, comme les deux autres, le prĂȘtre qui le marie, le considĂšre de fait et de droit de Nogent, c’est-Ă -dire comme nĂ© Ă  Nogent, n’exigeant mĂȘme pas l’acte de baptĂȘme de son lieu de naissance. Deux raisons probables, la difficultĂ© pour obtenir cet acte, mais certainement prĂ©pondĂ©rant, le fait que lui aussi, rĂ©side Ă  Nogent depuis 14 ans, donc y est totalement intĂ©grĂ©. Il semblerait que sous l’Ancien RĂ©gime, la notion d’étranger ne soit nullement prise en compte dans les actes administratifs, seuls sont considĂ©rĂ©s les sujets soumis Ă  l’autoritĂ© du roi, sujets ne participant d’aucune maniĂšre Ă  l’exercice du pouvoir, d’oĂč l’indiffĂ©rence quant Ă  la nationalitĂ©. Étranger il est, Ă©tranger il restera, et son Ă©pouse ? Elle restera Française puisque, nĂ©e de parents français, elle vit et rĂ©side en France et le nouveau couple continuera Ă  vivre comme auparavant, sans guĂšre se soucier de la nationalitĂ© du mari. Et leurs enfants nĂ©s sur le sol français ? Ils seront Français Ă  condition de rester dans le royaume, cette derniĂšre condition est et restera obligatoire, respectant en cela l’arrĂȘt du 23 fĂ©vrier 1515 qui introduit le jus soli », = droit du sol. En pratique, personne ne cherche guĂšre Ă  connaĂźtre le vĂ©ritable statut juridique des sujets concernĂ©s dans la mesure oĂč la distinction entre naturalitĂ© = Français et extranĂ©itĂ© = Ă©tranger sur le sol français n’a d’importance que pour des questions de succession. Cette indiffĂ©rence de la part des Ă©trangers mais aussi de l’administration et des habitants au niveau local envers les dĂ©cisions du pouvoir central les concernant se perpĂ©tuera au dĂ©but de la RĂ©volution, ce qui ne tardera pas Ă  poser des problĂšmes. Comment, en quelques annĂ©es, changer des habitudes vieilles de plusieurs siĂšcles ? Pour tenter de contrecarrer ce comportement et afin de garantir que lois et dĂ©crets soient connus de tous, la Convention dĂ©cidera, le 22 novembre 1792, de la formule qui sera employĂ©e Ă  l’avenir lors de la promulgation des lois Le conseil exĂ©cutif provisoire mande et ordonne Ă  tous les corps administratifs et tribunaux que la prĂ©sente loi, ils fassent consigner dans leurs registres, lire, publier, afficher 
 » [2], ce dont les diffĂ©rents agents s’exĂ©cuteront consciencieusement en inscrivant en marge de chacune d’elles Lu Ă  l’audience du, 
 » avec leur signature. Archives de l’Aube. Étranger sous la RĂ©volution Principes gĂ©nĂ©raux La RĂ©volution Française, avec ses idĂ©aux, son Ă©galitarisme et un romantisme quasi sans limite, marque trĂšs rapidement dans ses rapports avec les Ă©trangers une rupture avec l’Ancien RĂ©gime. Le pouvoir discrĂ©tionnaire du souverain d’octroyer la nationalitĂ© ou plutĂŽt la naturalitĂ© » française est aboli pour laisser place Ă  un droit de la nationalitĂ© en tant que droit de l’individu, ancrĂ© dans les constitutions jusqu’à ce que le Code civil rĂ©tablisse les compĂ©tences de l’État dans ce domaine. DĂšs le dĂ©but, l’aspiration Ă  une paix universelle fait accueillir les Ă©trangers de façon trĂšs libĂ©rale. La naturalisation sera mĂȘme attribuĂ©e de plein droit » [3], assujettie certes Ă  certaines conditions, mais indĂ©pendamment de toute dĂ©claration et de tout contrĂŽle qu’il soit lĂ©gislatif ou exĂ©cutif. Autre Ă©lĂ©ment fondamental le principe du jus soli » valable jusqu’à la promulgation du Code civil qui veut que tous les individus nĂ©s en France tenaient du seul lieu de leur naissance la qualitĂ© de Français ; pour ĂȘtre Ă©tranger, il fallait tout Ă  la fois 
 ĂȘtre nĂ© en pays Ă©tranger et de parents Ă©trangers ». [4]. Les lois qui se succĂšdent Ă  un rythme soutenu durant ses premiĂšres annĂ©es, sont le reflet de la soif d’une nouvelle sociĂ©tĂ© symbolisĂ©e par la devise LibertĂ©, ÉgalitĂ©, FraternitĂ© » qui imprĂšgne, dans un premier temps, toutes les dĂ©cisions concernant l’attribution de la nationalitĂ© française ou plutĂŽt de la citoyennetĂ© française », car inspirĂ©e par la volontĂ© d’intĂ©grer les Ă©trangers au sein mĂȘme de la sociĂ©tĂ© en devenir, elle veut leur faire prendre une part active Ă  la vie politique. DualitĂ© entre les deux expressions que Sophie Wahnich explique dans un entretien La notion de nationalitĂ© n’existait pas au cƓur de la RĂ©volution française. Ni le mot nationalitĂ©, ni le mot citoyennetĂ© n’étaient employĂ©s Ă  l’époque. On utilisait une sĂ©rie d’expressions telles que le droit du citoyen », parfois les droits du citoyen français », la qualitĂ© » ou encore le titre de citoyen ». Or ce mot de citoyen effaça de fait les distinctions entre l’appartenance lĂ©gale Ă  la nation, l’engagement patriotique et l’exercice des droits politiques ». [5] Et ainsi, entre 1789 et 1799, les deux concepts deviennent au fil du temps si intimement liĂ©s que celui de citoyennetĂ© finit par devenir prĂ©dominant et supplante celui de nationalitĂ© ou de naturalitĂ©. Cette notion de citoyennetĂ© matĂ©rialisĂ©e par la possession de droits et devoirs au sein de la communautĂ© politique permet de participer activement Ă  son fonctionnement l’individu est Citoyen d’abord », c’est-Ă -dire que c’est la reconnaissance de droits politiques qui domine, qui dĂ©termine la qualitĂ© de Français » ainsi se crĂ©e une stricte hiĂ©rarchisation entre citoyennetĂ© et nationalitĂ© qui s’inversera avec le Code civil oĂč c’est la nationalitĂ© qui fait d’un individu un Français et qui, subsidiairement et Ă©ventuellement en fait un citoyen » [6]. De façon gĂ©nĂ©rale, entre 1789 et 1799, la qualitĂ© de citoyen français sera accordĂ©e Ă  tous ceux, Français de souche ou naturalisĂ©s de quelque maniĂšre que ce soit, qui adhĂšrent aux idĂ©aux du nouveau systĂšme politique Ă  la condition qu’ils Ă©lisent domicile en France et qu’ils prĂȘtent le serment civique. Reconnus citoyens français, ils deviennent de fait Français. Il y a ainsi affirmation du droit du sol, du jus soli », soit en Ă©tant nĂ©, soit en rĂ©sidant sur le sol français. Toutes les constitutions et les lois successives accordent, certes, selon ces principes la citoyennetĂ© française aux Ă©trangers domiciliĂ©s sur le sol français, mais avec des modalitĂ©s fluctuantes selon la pĂ©riode considĂ©rĂ©e, car deux tendances opposĂ©es ne tarderont pas Ă  influer sur la lĂ©gislation. Ainsi, Ă  un accueil bienveillant et une intĂ©gration trĂšs facile durant les annĂ©es 1789 - 1792, succĂšdent, dĂšs 1792 - 1793, avec l’entrĂ©e en guerre contre les diffĂ©rentes nations europĂ©ennes, mĂ©fiance et suspicion Ă  l’égard d’étrangers devenus ennemis de la nation française, origine d’une lĂ©gislation de plus en plus restrictive. Cette Ă©volution poussĂ©e Ă  son paroxysme introduira une discrimination entre le citoyen », c’est-Ă -dire l’individu qui Ɠuvre en faveur de la rĂ©volution et l’ Ă©tranger », c’est-Ă -dire celui qui lui tourne le dos et la combat. Est alors Ă©tranger, certes, toujours celui qui, juridiquement, n’est pas français d’origine ou naturalisĂ©, mais rapidement aussi celui qui est hostile aux idĂ©aux rĂ©volutionnaires, et qui est considĂ©rĂ© comme traĂźtre Ă  la nation. Et finalement, se retrouvent par extension sous ce vocable aussi bien les Ă©trangers de l’extĂ©rieur que les Ă©trangers de l’intĂ©rieur, comme les ecclĂ©siastiques rĂ©fractaires, les Ă©migrĂ©s, leurs familles et mĂȘme leurs domestiques. Juridiquement, ils sont considĂ©rĂ©s, du fait de leur hostilitĂ© Ă  la RĂ©volution, comme s’étant d’eux-mĂȘmes exclus de la communautĂ© française et ayant perdu leurs droits Ă  la citoyennetĂ©. PremiĂšre tendance accueil libĂ©ral de tous les Ă©trangers 1789 – 1792 Durant ces premiĂšres annĂ©es, l’euphorie rĂ©volutionnaire imprĂšgne toutes les dĂ©cisions qu’elles soient politiques ou sociĂ©tales La RĂ©volution se veut ĂȘtre la base d’une nouvelle sociĂ©tĂ© oĂč l’Homme en est l’élĂ©ment central grĂące Ă  une libertĂ© individuelle et politique quasi illimitĂ©e. Son dĂ©sir d’universalisme lui fait accueillir tous les Ă©trangers pour les faire participer Ă  cette grande aventure qui doit servir de modĂšle aux autres peuples, afin de propager Ă  partir de la France les idĂ©es rĂ©volutionnaires et de montrer comment se dĂ©barrasser de l’ancienne distinction en libres et esclaves, la plus barbare et la plus humiliante pour l’espĂšce humaine, diamĂ©tralement contradictoire Ă  la signification du mot français, incompatible avec l’éclat de la libertĂ© que les lois attribuent dans le royaume Ă  tous ceux qui y habitent, nĂ©s, naturalisĂ©s ou Ă©trangers ». [7] AssemblĂ©e Nationale Constituante La DĂ©claration des Droits de l’Homme et du Citoyen, base de toute lĂ©gislation Lors de la prĂ©sentation du projet, le rapporteur dĂ©clare que l’homme, nĂ© pour ĂȘtre libre, ne s’est soumis au rĂ©gime d’une sociĂ©tĂ© politique, que pour mettre ses droits naturels sous la protection d’une force commune » [8]. D’oĂč le 26 aoĂ»t 1789, la DĂ©claration des Droits de l’Homme et du Citoyen, proclamĂ©e par les ReprĂ©sentants du Peuple Français, constituĂ©s en AssemblĂ©e Nationale » Article 1 Les hommes naissent et demeurent libres et Ă©gaux en droits. » Article 2 Le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l’Homme. Ces droits sont la libertĂ©, la propriĂ©tĂ©, la sĂ»retĂ© et la rĂ©sistance Ă  l’oppression ». Article 3 Le principe de toute SouverainetĂ© rĂ©side essentiellement dans la Nation. » L’AssemblĂ©e Nationale Constituante associe, ainsi, nation et citoyennetĂ© la nation française y apparaĂźt comme l’espace oĂč s’appliquent Ă  tous les individus indĂ©pendamment de leurs origines, les droits et libertĂ©s dĂ©finis dans les articles 2 & 3, en particulier les droits politiques Ă  travers la reprĂ©sentation des citoyens. Ainsi, tout homme, nĂ© en France ou hors de France mais y rĂ©sidant depuis le 14 juillet 1789, dĂ©but de l’ùre nouvelle, peut ĂȘtre considĂ©rĂ© comme adepte de l’idĂ©ologie rĂ©volutionnaire et devenir citoyen français. L’enthousiasme et l’élan patriotique provoquĂ©s par cette DĂ©claration ne tardent pas Ă  inspirer poĂštes et chansonniers faisant l’apologie de droits jusque-lĂ  inconnus Oui, tous les hommes sont Ă©gaux, Et leurs droits sont les mĂȘmes ; On ne distingue les hĂ©ros Qu’à leurs vertus suprĂȘmes Mais la loi qui vous pĂšse tous Dans sa juste balance, Mortels, ne doit mettre entre nous Aucune diffĂ©rence. » [9] Cependant, dĂšs le 21 juillet 1789, lors de la prĂ©sentation du projet, est dĂ©jĂ  prĂ©vue une diffĂ©renciation entre Citoyens passifs. Citoyens actifs Tous les habitants d’un pays doivent jouir des droits de citoyen passif 
, mais tous n’ont pas droit Ă  prendre une part active dans la formation des pouvoirs publics ; tous ne sont pas citoyens actifs. Les femmes, du moins dans l’état actuel, les enfants, les Ă©trangers 
 ne doivent point influer activement sur la chose publique » [10]. DĂ©cret du 29 septembre 1789 Cette conception de la sĂ©paration entre citoyens actifs et citoyens passifs ne sera pas sans provoquer au sein de la Constituante de violents dĂ©bats. Alors que certains dĂ©putĂ©s, fidĂšles Ă  l’esprit de l’Art. 1 de la DĂ©claration des droits de l’homme Les hommes naissent 
 Ă©gaux en droit », souhaitent accorder le droit de vote Ă  tous les citoyens sans exception, la majoritĂ© de la Constituante imposent le 29 septembre 1789, le dĂ©cret sur le marc d’argent », le terme franc Ă©tant aboli au profit de marc qui instaure le systĂšme Ă©lectoral censitaire avec comme corollaire le citoyen actif opposĂ© au citoyen passif et oĂč la citoyennetĂ© est subordonnĂ©e Ă  la nationalitĂ© Art. 4, Tous les citoyens actifs, c’est-Ă -dire tous ceux qui rĂ©uniront les qualitĂ©s suivantes 1° d’ĂȘtre nĂ© Français, ou devenu Français, 2° d’ĂȘtre majeur ; 3° d’ĂȘtre domiciliĂ© dans le canton au moins depuis un an ; 4° de payer une contribution directe de la valeur locale de trois journĂ©es de travail ; 5° de n’ĂȘtre pas alors dans une condition servile, auront droit de se rĂ©unir pour former dans les cantons les assemblĂ©es primaires ». C’est la naissance de l’association entre nationalitĂ© et citoyennetĂ© la nationalitĂ© apparaĂźt comme une condition nĂ©cessaire Ă  la citoyennetĂ© » [11], cette derniĂšre Ă©tant dĂ©limitĂ©e par un territoire, la France. En consĂ©quence seul le citoyen actif, c’est-Ă -dire le Français, d’origine ou naturalisĂ©, domiciliĂ© dans son lieu de vote depuis au moins un an, payant une contribution directe et n’exerçant pas une profession de servitude telle que domestique, peut ĂȘtre Ă©lecteur et jouir des droits politiques que la RĂ©volution avait, Ă  l’origine, prĂ©vu pour tout homme. Cette conception se justifie, selon certains dĂ©putĂ©s, parce que les serviteurs Ă  gages n’ont pas une volontĂ© propre, libre et indĂ©pendante, telle qu’elle est nĂ©cessaire pour l’exercice du droit de citĂ© » [12]. Face Ă  eux, les opposants Ă  ce mode d’élection censitaire instaurant deux catĂ©gories de Français tentent de faire valoir leur point de vue Tout citoyen est actif dans l’État, quand il s’agit de s’occuper des droits de tous les citoyens », et sur la question de contribution directe la pauvretĂ© est un titre, et qu’elle que soit l’imposition, elle doit ĂȘtre suffisante pour exercer les droits du citoyen », d’oĂč leur conclusion Le dĂ©cret sur les qualitĂ©s nĂ©cessaires pour ĂȘtre citoyen actif, Ă©taient trop contraires aux vĂ©ritables principes de la justice et de la reprĂ©sentation, en exigeant un marc d’argent » [13] Mais, finalement, le dĂ©cret du marc d’argent sera votĂ©, et SieyĂšs justifiera cette dĂ©cision en considĂ©rant le vote comme une fonction plus que comme un droit, et que la capacitĂ© Ă©conomique des citoyens justifiait leur capacitĂ© politique. Ainsi, seuls ceux imposables seront appelĂ©s aux urnes, comme les plus aptes Ă  remplir leur fonction politique, ceux en situation de dĂ©pendance ne mĂ©ritant pas d’avoir les mĂȘmes droits. Sont directement concernĂ©s les femmes, les enfants, les domestiques et tous les pauvres qui se trouvent ainsi exclus de toute action politique. Loi des 30 avril - 2 mai 1790, premiĂšre loi traitant de la nationalitĂ©. Le premier texte lĂ©gislatif concernant directement les Ă©trangers est la loi des 30 avril – 2 mai 1790 relative aux conditions exigĂ©es des Ă©trangers pour devenir citoyens français ». Le pragmatisme est Ă  l’origine de cette loi, car, comme l’expose le dĂ©putĂ© Target lors du dĂ©bat Ă  la Constituante, beaucoup de villes ont pour habitants des hommes nĂ©s en pays Ă©tranger, mariĂ©s, propriĂ©taires depuis longtemps, ou possesseurs d’établissements de commerce ; ils ont occupĂ© des fonctions civiles, 
 tous ont prĂȘtĂ© le serment civique », en consĂ©quence la Constituante dĂ©cide Tous ceux qui, nĂ©s hors du royaume de parents Ă©trangers, sont Ă©tablis en France, seront rĂ©putĂ©s Français, et admis, en prĂȘtant le serment civique, Ă  l’exercice des droits de citoyens actifs aprĂšs 5 ans de domicile continu dans le royaume, s’ils ont, en outre, ou acquis des immeubles, ou Ă©pousĂ© une Française, ou formĂ© un Ă©tablissement de commerce, ou reçu, dans quelque ville, des lettres de bourgeoisie = lettres de naturalitĂ© ». Il justifie sa proposition en dĂ©clarant ce sont des amis de plus que vous acquerrez Ă  une constitution qui voudrait que rendre tous les hommes heureux » [14]. En les intĂ©grant comme Français, s’ils respectent les trois conditions exigĂ©es, la Constituante prend en compte les rĂ©alitĂ©s du terrain et fait d’eux des citoyens Ă  part entiĂšre, avec les mĂȘmes droits que les citoyens d’origine française, en particulier les droits politiques dans la mesure oĂč le serment civique devient une condition Ă  la naturalisation. Ainsi, le titre de Français et la qualitĂ© de citoyen se trouvent intimement mĂȘlĂ©s, car cette loi va mĂȘme jusqu’à faire d’eux des citoyens actifs lorsqu’ils ont prĂȘtĂ© le serment civique. On leur reconnait le droit de jouer un rĂŽle rĂ©el dans la vie politique Ils peuvent devenir Ă©lecteurs et dĂ©signer les dĂ©putĂ©s s’ils paient une contribution directe au moins Ă©gale Ă  la valeur de 3 journĂ©es de travail », toujours selon le principe que seule une personne subvenant Ă  ses besoins doit pouvoir influencer les dĂ©cisions qui la concernent. Ces dispositions seront reprises dans le titre 1er de la Constitution du 3 septembre 1791. Cette possibilitĂ© de participation active Ă  la vie politique sera, Ă  maintes reprises, l’objet d’un long dĂ©bat quant Ă  savoir si l’étranger qui obtenait la qualitĂ© de Français Ă©tait tenu ou pas Ă  la prestation du serment civique certains arguant qu’avec ou sans prestation de serment, il n’en demeurait pas moins Français par adoption » [15]. L’acquisition de la citoyennetĂ© française grĂące Ă  cette loi ne demande pas le consentement de l’étranger concernĂ©. Il devient Français de plein droit », c’est-Ă -dire automatiquement, s’il remplit les conditions fixĂ©es, en particulier les 5 annĂ©es de rĂ©sidence. Il est difficile de savoir comment cette loi fut appliquĂ©e, car aucun document de cette Ă©poque ne fait Ă©tat de l’acquisition de la citoyennetĂ© par un Ă©tranger de cette maniĂšre. Et si elle le fut, il semblerait que nombre de ceux qui en furent les bĂ©nĂ©ficiaires n’en fussent nullement informĂ©s ainsi que les autoritĂ©s de leur lieu de rĂ©sidence, Ă  moins qu’ils aient, eux-mĂȘmes, nĂ©gligĂ© de faire valoir leur droit Ă  la citoyennetĂ© comme, probablement, ces deux Ă©trangers vus lors de leur mariage sous l’Ancien RĂ©gime rĂ©sidant Ă  Nogent-sur-Seine depuis de nombreuses annĂ©es et rĂ©pondant aux critĂšres demandĂ©s. DĂ©cret du 6 aoĂ»t 1790 Dans son dĂ©sir d’égalitĂ© entre tous les citoyens français, indiffĂ©remment de leur origine, la Constituante dĂ©cide logiquement l’abolition des droits d’aubaine qui faisait du roi l’hĂ©ritier des biens des Ă©trangers. Au nom de cette grande maxime que la libertĂ© procure Les hommes forment une mĂȘme famille rĂ©pandue sur la surface de la terre », elle propose sous l’impulsion du dĂ©putĂ© BarrĂšre Que tout Ă©tranger vienne chercher en France une patrie ; qu’il puisse y sĂ©journer, sans crainte de voir ses hĂ©ritiers lĂ©gitimes, frustrĂ©s d’un bien qui doit naturellement leur appartenir ; qu’il y jouisse de la libertĂ© pendant sa vie, et ses enfants de sa bienfaisance aprĂšs sa mort. » Et ainsi, ultime rupture avec l’Ancien rĂ©gime, l’AssemblĂ©e nationale abolit, le 6 aoĂ»t 1790, le droit d’aubaine et de dĂ©traction » un dixiĂšme de l’hĂ©ritage retenu mettant en avant que ce droit, Ă©tabli dans les temps barbares, doit ĂȘtre proscrit chez un peuple, qui a fondĂ© sa constitution sur les droits de l’homme et du citoyen, et que la France libre doit ouvrir son sein Ă  tous les peuples de la terre, en les invitant Ă  jouir, sous un gouvernement libre, des droits sacrĂ©s et inviolables de l’humanitĂ© », cette mesure accordant aux Ă©trangers la libertĂ© la plus complĂšte » [16]. Les Ă©trangers installĂ©s en France et ayant prĂȘtĂ© le serment civique disposent maintenant de droits identiques Ă  ceux des Français d’origine. Loi des 9 – 15 dĂ©cembre 1790 Nouvelle Ă©tape vers plus d’universalitĂ© Voulant appliquer Ă  chacun sans aucune distinction –hormis envers les Ă©migrĂ©s et autres renĂ©gats- les droits accordĂ©s par la RĂ©volution, la Constituante va Ă©tendre par la loi des 9 – 15 dĂ©cembre 1790 article 22 la possibilitĂ© d’intĂ©gration des Ă©trangers aux naturels français » [17], descendants des religionnaires expatriĂ©s, c’est-Ă -dire les descendants de Français qui ont dĂ» quitter le royaume pour des questions religieuses, en particulier les protestants aprĂšs la rĂ©vocation de l’Édit de Nantes. Pour recouvrer la nationalitĂ© de leurs ancĂȘtres, ils seront cependant soumis aux mĂȘmes obligations que celles imposĂ©es aux autres Ă©trangers fixation du domicile en France et prestation du serment civique. C’est dans cette ambiance de gĂ©nĂ©rositĂ© et de fraternitĂ© envers tous les individus, mais surtout pour marquer la volontĂ© de rupture avec l’Ancien RĂ©gime, qu’est discutĂ©e Ă  l’AssemblĂ©e la Constitution de 1791. Constitution du 3 septembre 1791 La Constitution du 3 septembre 1791 reprend en grande partie dans son titre II les dispositifs des lois prĂ©cĂ©dentes et les complĂšte. Sont citoyens français Art. 2- Ceux qui sont nĂ©s en France d’un pĂšre français. Ceux qui, nĂ©s en France d’un pĂšre Ă©tranger, ont fixĂ© leur rĂ©sidence dans le Royaume. Ceux qui, nĂ©s en pays Ă©tranger d’un pĂšre français, sont venus s’établir en France et ont prĂȘtĂ© le serment civique. Enfin ceux qui, nĂ©s en pays Ă©tranger, et descendant, Ă  quelque degrĂ© que ce soit, d’un Français expatriĂ© pour cause de religion, viennent demeurer en France et prĂȘtent le serment civique. Art. 3 - Ceux, qui, nĂ©s hors du royaume, de parents Ă©trangers, rĂ©sident en France, deviennent citoyens français aprĂšs cinq annĂ©es de domicile continu dans le royaume, s’ils y ont, en outre, acquis des immeubles ou Ă©pousĂ© une Française, ou formĂ© un Ă©tablissement d’agriculture ou de commerce, et s’ils ont prĂȘtĂ© le serment civique. Art. 4- Le pouvoir lĂ©gislatif pourra, pour des considĂ©rations importantes, donner Ă  un Ă©tranger un acte de naturalisation, sans autres conditions que de fixer son domicile en France, et d’y prĂȘter serment civique. Art. 5- Je jure d’ĂȘtre fidĂšle Ă  la Nation, Ă  la loi et au roi et de maintenir de tout mon pouvoir la Constitution du Royaume, dĂ©crĂ©tĂ©e par l’AssemblĂ©e nationale constituante aux annĂ©es 1789, 1790 et 1791. Art. 6-La qualitĂ© de citoyen français se perd entre autre 1. Par la naturalisation en pays Ă©tranger. 2. Par la condamnation aux peines qui emportent la dĂ©gradation civique, tant que le condamnĂ© n’est pas rĂ©habilitĂ©. 
 Concernant la citoyennetĂ© française, l’AssemblĂ©e constituante adopte une position plus libĂ©rale encore que dans la loi de 1790 et offre aux Ă©trangers relativement facilement la possibilitĂ© de devenir citoyen et par contrecoup Français. Elle donne la primautĂ© au droit du sol, jus soli », avec cependant une exception ceux nĂ©s en pays Ă©tranger d’un Français expatriĂ©, il y a pour eux, la reconnaissance du droit du sang, jus sanguinis ». La citoyennetĂ© reste toujours de plein droit, sans que le pouvoir exĂ©cutif ou lĂ©gislatif n’ait Ă  intervenir, sous rĂ©serve toutefois de prĂȘter le serment civique. Cette derniĂšre obligation a une double valeur elle suppose par ce serment la dĂ©marche volontaire de l’étranger de manifester son intention de devenir citoyen français, mais surtout elle est la preuve de son engagement en faveur de la RĂ©volution. Par cette obligation, l’acquisition de la citoyennetĂ© française n’est plus automatique comme auparavant. A noter que dans l’Art. 4, le pouvoir lĂ©gislatif se rĂ©serve le droit d’accorder la naturalisation Ă  un Ă©tranger pour des considĂ©rations importantes » s’il fixe son domicile en France et prĂȘte le serment civique. Ici, la naturalisation est liĂ©e, de maniĂšre indubitable, Ă  la rĂ©sidence, mais surtout au serment civique ! Les considĂ©rations importantes ne sont pas dĂ©finies, mais laissent supposer des manifestations d’approbation et d’adhĂ©sion Ă  la RĂ©volution. Cet article trouvera sa concrĂ©tisation avec la loi du 25 aoĂ»t 1792 qui, comme nous le verrons, permettra d’accorder la citoyennetĂ© française Ă  des intellectuels Ă©trangers. L’application de l’article 5 concernant le serment civique fut l’objet d’objections de la part de dĂ©putĂ©s quant Ă  l’étendue de son interprĂ©tation Le serment civique est la base du dĂ©cret qui en fait, en quelque sorte, la pierre de touche Ă  laquelle on doit reconnaĂźtre 
 les citoyens sincĂšrement attachĂ©s Ă  la Constitution, mais cette mĂȘme Constitution, qui assure protection Ă  tous les citoyens, ne le prescrit nulle part impĂ©rieusement, si ce n’est aux Ă©trangers qui veulent devenir Français ; son dĂ©faut n’est point au nombre des conditions qui, art. 6 titre 1er, font perdre la qualitĂ© de citoyen français. Il est seulement exigĂ© pour exercer les droits de citoyen actif » [18], nouvelle preuve que, pour les Ă©trangers, citoyennetĂ© et nationalitĂ© se trouvent liĂ©es, avec comme consĂ©quence que l’étranger, astreint au serment civique, devient automatiquement citoyen français dĂ©tenteur de droits politiques. MalgrĂ© tout, une nouvelle divergence d’interprĂ©tation voit le jour. C’est, par exemple, Daniel de Folleville qui, dans son traitĂ© sur la naturalisation, dĂ©clare La naturalisation rĂ©sultait ipso facto du concours des conditions exigĂ©es indĂ©pendamment de toute manifestation de volontĂ© de la part des intĂ©ressĂ©s », [19] donc du serment civique, mais, dans ce cas, toujours selon lui, l’étranger naturalisĂ© ne serait pas reconnu comme citoyen français, mais comme Français par adoption » sans droits politiques. A l’inverse, tous les Français qui se sont coupĂ©s de la nation, c’est-Ă -dire en particulier les Ă©migrĂ©s, les ecclĂ©siastiques rĂ©fractaires, perdent leur qualitĂ© de citoyens français, mais comme les dĂ©putĂ©s Moreau et Roederer le rĂ©pĂštent Ă  plusieurs reprises lors de la discussion de l’article 6 Une personne peut encourir les peines de dĂ©gradation civique, et pour cela, ne pas cesser d’ĂȘtre citoyen français. Il sic perd bien le droit de citoyen, mais il est toujours Français. 
 On peut interdire la condition de citoyen français actif, mais on ne peut pas rayer de la liste des citoyens non actifs », Il est toujours Français ! » [20]. En consĂ©quence, sont citoyens français dotĂ©s de droits politiques tous ceux qui, nonobstant leur origine, manifestent par le serment civique leur attachement aux idĂ©aux rĂ©volutionnaires, les autres Ă©tant considĂ©rĂ©s comme des Français non actifs », sans droits politiques, car Ă©trangers Ă  la RĂ©volution. Devenir Citoyen français en 1791 Seconde tendance suspicion et mĂ©fiance 1792 - 1793, annĂ©es charniĂšres L’annĂ©e 1792 marqua le dĂ©but de la campagne militaire contre les troupes austro-prussiennes avec comme fait marquant la Bataille de Valmy le 21 septembre 1791. A l’inverse, l’annĂ©e 1793 fut une annĂ©e terrible. La France semblait perdue elle n’avait plus d’armĂ©es, elle n’avait plus ni fusils ni canons, elle n’avait plus de poudre. Les armĂ©es ennemies avaient franchi toutes les frontiĂšres et envahissaient le pays. En politique intĂ©rieure, l’AssemblĂ©e Nationale Constituante fit place le 1 octobre 1791 Ă  l’AssemblĂ©e LĂ©gislative qui, elle-mĂȘme, sera remplacĂ©e de 20 septembre 1792 par la Convention, assemblĂ©e dans laquelle les deux groupes politiques principaux, les Montagnards et les Girondins, tenteront d’imposer leur propre conception des destinĂ©es de la Nation, d’oĂč des affrontements de plus en plus violents qui aboutiront, sous l’influence de Saint-Just et de Robespierre, Ă  l’instauration de la Terreur le 5 septembre 1793. Les premiers concernĂ©s par tous ces bouleversements seront les Ă©trangers. DĂšs 1793 apparaitront deux courants opposĂ©s quant Ă  l’accueil qui leur sera fait. Si, au dĂ©but, ils sont toujours accueillis sur le sol français de maniĂšre trĂšs bienveillante, voire mĂȘme avec enthousiasme, en particulier ceux qui ont dĂ©sertĂ© des troupes ennemis et qui vont devenir les dĂ©serteurs Ă©trangers Ă  Valmy », avec les revers militaires, la volontĂ© d’universalisme fera progressivement place Ă  une hostilitĂ© envers eux qui va trouver son expression dans une lĂ©gislation de plus en plus restrictive. L’AssemblĂ©e lĂ©gislative Au dĂ©but de cette annĂ©e 1792, l’AssemblĂ©e lĂ©gislative continuant la politique de la Constituante, manifeste toujours autant de gĂ©nĂ©rositĂ© et de bienveillance envers les Ă©trangers arrivant sur le territoire alors que, parallĂšlement, va progressivement s’installer un systĂšme inquisitoire avec la crĂ©ation du certificat de civisme, indispensable sĂ©same prĂ©alable Ă  toute activitĂ©. Le but de ce certificat est d’exercer un contrĂŽle sur chacun, Ă©tranger ou citoyen et avant tout de surveiller son patriotisme. Car, ce document sera Ă  l’origine d’une vĂ©ritable mise en fiche de toute la population avec des consĂ©quences d’une importance vitale pour celui qui se le verra refuser ou ĂŽter. Chacun essaiera d’obtenir le plus rapidement possible ce document. A titre d’exemple, le 2 dĂ©cembre 1792, Louis François Clopin, notaire Ă  Chesley dans l’Aube, sollicite auprĂšs de la municipalitĂ© ce fameux certificat Nous, maire, officiers municipaux, notables et procureur de la commune de Chesley, chef-lieu de ce canton, certifions que le citoyen Louis François Clopin, notaire demeurant Ă  Chesley, a toujours et dans tous les temps et dĂšs le commencement de la RĂ©volution française prouvĂ© et dĂ©montrĂ© publiquement partout oĂč il s’est trouvĂ© un civisme, un patriotisme incontestable, en foy de quoy nous luy avons donnĂ© le prĂ©sent certificat aprĂšs avoir entendu le rĂ©quisitoire du procureur de la commune ». Muni de ce certificat, il pourra continuer Ă  vaquer Ă  ses activitĂ©s habituelles. Pour les Ă©trangers, essentiellement ceux qui dĂ©sertent les troupes ennemies pour rejoindre les combattants français, la situation est encore pleine de promesses. Tout est fait pour qu’ils trouvent sur leur nouvelle terre d’accueil des conditions de vie opposĂ©es Ă  celles qu’ils avaient connues jusque-lĂ  [21]. D’oĂč toute une sĂ©rie de lois en leur faveur. Loi du 3 aoĂ»t 1792 La loi relative aux Sous-officiers et Soldats des armĂ©es ennemies qui abandonneraient leurs drapeaux pour venir se ranger sous ceux des François » concerne tous ceux qui, par la suite, seront dĂ©signĂ©s par l’expression DĂ©serteurs Ă©trangers », et le 27 aoĂ»t 1792, cette loi est Ă©tendue aux officiers 
 qui embrassent la cause de la libertĂ© ». Ainsi, tous les combattants ennemis dĂ©serteurs, quel que soit leur grade, bĂ©nĂ©ficient d’avantages rĂ©compensant leur acte. Ces lois sont un vĂ©ritable manifeste en faveur de la dĂ©sertion. Elles ont en premier lieu un but militaire faire tout ce qui tend au succĂšs des armes de la nation Françoise et au triomphe de la cause de la libertĂ© » et ne nĂ©gliger aucun moyen de terminer une guerre que la nation Françoise n’a entreprise que pour dĂ©fendre la Constitution et son indĂ©pendance », ce qui impliquait que l’AssemblĂ©e Nationale considĂ©rant que les hommes libres ont seuls une patrie ; que celui qui abandonne une terre asservie pour se rĂ©fugier sur celle de la libertĂ©, ne fait qu’user d’un droit lĂ©gitime » et qu’en consĂ©quence la nation Française n’en doit pas moins, ne fĂ»t-ce qu’à titre d’indemnitĂ©, des marques de reconnaissances et de son intĂ©rĂȘt aux guerriers Ă©trangers qui viennent se ranger sous les drapeaux, ou qui abandonnent ceux de ses ennemis pour n’ĂȘtre pas forcĂ©s Ă  tourner leurs armes contre un peuple dont tous les vƓux et tous les principes appellent la paix universelle et le bonheur de tous les hommes ». A ce prĂ©ambule plein d’enthousiasme et de pathos dans lequel la dĂ©sertion est uniquement considĂ©rĂ©e comme un acte volontaire, suivent des mesures concrĂštes explicitant la maniĂšre dont ces Ă©trangers doivent ĂȘtre accueillis Si l’Article premier est politique Les sous-officiers et soldats des armĂ©es ennemies qui, jaloux de vivre sur la terre de la libertĂ© & de l’égalitĂ©, abandonneront les drapeaux d’une puissance en guerre avec la France, & se prĂ©senteront soit Ă  un poste militaire, soit Ă  une des autoritĂ©s constituĂ©es, soit Ă  un citoyen François, seront accueillis avec amitiĂ©s & fraternitĂ©, & recevront d’abord comme signe d’adoption une cocarde aux trois couleurs », les articles suivant sont par contre trĂšs concrets 
 aprĂšs avoir fait la dĂ©claration de vouloir embrasser la cause de la libertĂ©, ils recevront Ă  titre d’indemnitĂ© des sacrifices qu’ils auront pu faire, un brevet de pension viagĂšre 
. ; ils seront en outre admis Ă  prĂȘter le serment civique, & il leur sera dĂ©livrĂ© une expĂ©dition du procĂšs-verbal de la prestation de leur serment ». Ces combattants dĂ©serteurs qui abandonnent les armĂ©es ennemies et qui font la dĂ©claration d’embrasser la cause de la libertĂ© », donc supposĂ©s adhĂ©rer aux idĂ©aux rĂ©volutionnaires, reçoivent la cocarde aux trois couleurs » et sont admis Ă  prĂȘter le serment civique ». Selon ce processus, ils deviennent de fait citoyens, mais sont-ils Français ? Je crois qu’à cette question, nous pouvons rĂ©pondre par l’affirmative bien que nous ne disposions d’aucun document qui indiquent de maniĂšre indubitable leur nationalitĂ©. La naturalisation reste certes toujours subordonnĂ©e Ă  5 ans de rĂ©sidence continue sur le territoire, mais dĂšs le 25 aoĂ»t, ils bĂ©nĂ©ficieront des mesures de la nouvelle loi servir la cause de la libertĂ© ». De plus, comme nous le verrons par la suite, l’attitude des autoritĂ©s Ă  leur Ă©gard indique qu’ils sont reconnus comme tels une premiĂšre fois, lorsque les ComitĂ©s de salut public convoquent tous les Ă©trangers, eux restent Ă  l’écart et une seconde fois, lorsque les SociĂ©tĂ©s Populaires tentent vainement de leur interdire le port de la cocarde pour ne plus voir en eux que des Ă©trangers prisonniers de guerre. Français certes, mais Français jouissant d’un statut particulier, car, lorsqu’ils seront chassĂ©s des armĂ©es pour ĂȘtre rĂ©partis dans les communes le 12 Frimaire An 2 2 dĂ©cembre 1793, ils seront contraints bien que toujours coiffĂ©s de la cocarde tricolore, de porter comme signe distinctif la lettre E » façonnĂ©e en drap d’une couleur tranchante avec celle de l’habit, et cousue sur les deux bras » de leur veste afin de pouvoir ĂȘtre surveillĂ©s avec plus de sĂ©vĂ©ritĂ© ». Les actes administratifs mentionneront certes comme origine dĂ©serteur Ă©tranger » mais feront frĂ©quemment abstraction de leur nationalitĂ© au moment de leur dĂ©sertion. Si pour les dĂ©serteurs-citoyens, l’attribution de la cocarde aux trois couleurs » a valeur de laisser-passer qui leur donne la libertĂ© de circulation, elle a, pour les autoritĂ©s, une importance prĂ©pondĂ©rante. Elle est le symbole d’un engagement politique et constitue le signe extĂ©rieur de ralliement Ă  la RĂ©volution française. Ainsi, la cocarde permet de diffĂ©rencier le citoyen français, indiffĂ©remment de son origine, favorable aux idĂ©aux rĂ©volutionnaires, le bon citoyen aux yeux des autoritĂ©s, de l’étranger Ă  la RĂ©volution, voire de son ennemi, qui, lui, refuse le port la cocarde tricolore. A l’inverse, interdire le port de la cocarde Ă  un individu, lui ĂŽte du mĂȘme coup la qualitĂ© de citoyen. ConsĂ©quence logique de cette volontĂ© de diffĂ©renciation le 8 juillet 1792, son port est rendu obligatoire pour les hommes, et le 21 septembre 1793, pour les femmes. Le refus de la porter rend suspect, chaque commune prouvant son ardeur rĂ©volutionnaire en appliquant ces mesures avec beaucoup de zĂšle, comme par exemple, le ComitĂ© de Salut Public de Nogent-sur-Seine qui, le 14 NivĂŽse An 2 3 janvier 1794 dĂ©cide Le ComitĂ© rĂ©volutionnaire de Nogent-sur-Seine prĂ©vient que les femmes qui seront trouvĂ©es dans les rues sans ĂȘtre dĂ©corĂ©es de la cocarde tricolore seront punies de huit jours d’emprisonnement conformĂ©ment Ă  la Loi du 21 septembre dernier dont l’exĂ©cution est recommandĂ©e aux portes de la maison commune » [22]. Loi du 25 aoĂ»t 1792 L’esprit qui inspire cette loi, explicite en fait l’acquisition de la citoyennetĂ© prĂ©vue par la Constitution de 1791. Toujours empreinte du mĂȘme dĂ©sir d’accueillir tous ceux qui sont supposĂ©s favorables aux idĂ©aux rĂ©volutionnaires, la pĂ©tition lue la veille par Marie-Joseph ChĂ©nier devant la Convention en rĂ©sume l’objectif Tous ceux qui, dans les diverses contrĂ©es du monde, ont mĂ»ri la raison humaine et prĂ©parĂ© les voies de la libertĂ©, doivent ĂȘtre regardĂ©s comme les alliĂ©s du peuple français » [23]. Le 25 AoĂ»t 1792, la Loi qui confĂšre le titre de Citoyen Français Ă  plusieurs Ă©trangers » concrĂ©tise l’article 4 du titre II de la Constitution du 3 septembre 1791 concernant l’attribution de la qualitĂ© de citoyen français Ă  des Ă©trangers pour des considĂ©rations importantes » L’AssemblĂ©e Nationale, considĂ©rant que des hommes qui, par leurs Ă©crits & par leur courage, ont servi la cause de la libertĂ©, & prĂ©parĂ© l’affranchissement des peuples, ne peuvent ĂȘtre regardĂ©s comme Ă©trangers par une Nation que ses lumiĂšres & son courage ont rendue libre. ConsidĂ©rant que, si cinq ans de domicile en France, suffisent pour obtenir Ă  un Ă©tranger le titre de citoyen français, ce titre est bien plus justement dĂ» Ă  ceux qui, quel que soit le sol qu’ils habitent, ont consacrĂ© leurs bras & leurs veilles Ă  dĂ©fendre la cause des peuples contre le despotisme des rois, Ă  bannir les prĂ©jugĂ©s de la terre, & Ă  reculer les bornes des connaissances humaines. 
 ConsidĂ©rant enfin qu’au moment oĂč une convention nationale va fixer les destinĂ©es de la France & prĂ©parer peut ĂȘtre celle du genre humain, il appartient Ă  un peuple gĂ©nĂ©reux & libre, d’appeler toutes les lumiĂšres & de dĂ©fĂ©rer le droit de concourir Ă  ce grand acte de raison, Ă  des hommes qui par leurs sentiments, leurs Ă©crits & leur courage s’en sont montrĂ©s si Ă©minemment dignes ». Dans sa thĂšse GenĂšse du code de la nationalitĂ© française », Pierre BertĂ© considĂšre cette loi comme l’ouverture de la nationalitĂ© française et de la citoyennetĂ© française aux personnes prĂ©sumĂ©es favorables Ă  la RĂ©volution » [24]. Mais, cette mesure ne sera pas sans provoquer des oppositions au sein de la Convention Je ne m’oppose point, a dit M. Lasource, dĂ©putĂ© Ă  ce que le titre de citoyen soit accordĂ© aux Ă©trangers qui ont dĂ©fendu par leurs Ă©crits la cause de la libertĂ© mais je m’oppose Ă  ce qu’on le leur accorde avant qu’ils le demandent » [25]. Car, cette dĂ©cision de confĂ©rer solennellement la citoyennetĂ© française Ă  d’illustres personnages Ă©trangers s’adresse Ă  des individus qui pour certains ignorent tout de la langue et des mƓurs françaises et consĂ©quemment, effet imprĂ©vu par ses auteurs, cette loi permet selon Jean Bart la dualitĂ© ĂȘtre Ă  la fois Ă©tranger et citoyen » [26], car ce titre n’est assujetti Ă  aucune des obligations habituelles rĂ©sider en France et y prĂȘter le serment civique. Pour Patrick Weil, ce qui leur est attribuĂ©, c’est une citoyennetĂ© d’honneur » [27], l’acte de naturalisation ne prenant effet qu’avec leur installation en France et la prestation du serment civique. Pour lire la suite... Y a-t-il eu des histoires de la RĂ©volution avant 1815 ? Oui. Une cinquantaine, pour la plupart publiĂ©es ou au moins commencĂ©es avant le dĂ©but de l’Empire. Il est vrai qu’elles ont Ă©tĂ© critiquĂ©es dĂšs le moment de leur publication et que les Ă©tudes consacrĂ©es plus tard Ă  l’historiographie de la RĂ©volution n’en ont pas fait grand cas. Elles existent pourtant et aucun critĂšre solide ne permet de les exclure en bloc. Je leur ai consacrĂ© un chapitre de ma thĂšse, devenue un livre Les MĂ©taphores naturelles de la RĂ©volution, p. 227-260. J’ai Ă©crit plusieurs articles que l’on peut lire en ligne, par exemple sur les Ă©pigraphes de ces premiĂšres histoires, sur ce qu’elles ont de tragique, ou encore sur une annĂ©e particuliĂšrement fĂ©conde, l’an IX. Mais je publie pour la premiĂšre fois ici la liste des histoires de la RĂ©volution publiĂ©es entre 1789 et 1815. Je retiens tous les ouvrages qui annoncent par leur titre une ambition historique et qui la rĂ©alisent au moins partiellement1. Certains choix sont probablement discutables. D’autres titres ont sans doute Ă©chappĂ© Ă  ma vigilance. Cependant cette liste est beaucoup plus complĂšte que toutes les listes partielles proposĂ©es dans les Ă©tudes que j’ai consultĂ©es voir la liste ci-dessous. J’ai classĂ© les ouvrages par annĂ©e et, Ă  l’intĂ©rieur de chaque annĂ©e, par ordre alphabĂ©tique. J’ai numĂ©rotĂ© chaque nouvelle histoire, de façon Ă  pouvoir faire des renvois pour signaler les rééditions. Ce systĂšme est peu satisfaisant pour introduire un nouveau titre, il faudrait revoir toute la numĂ©rotation. En attendant, cela permet de se faire une idĂ©e de la production de chaque annĂ©e, en incluant les rééditions ou les volumes ajoutĂ©s Ă  des histoires commencĂ©es prĂ©cĂ©demment. 1789 avant le 14 juillet [LescĂšne des Maisons, Jacques], Histoire politique de la RĂ©volution en France,ou correspondance entre Lord D*** et lord T***, Londres, 1789, 2 vol., in-8°, 366+397=763 p. Remarque 1 si la page de titre ne comporte pas de nom d’auteur, l’épigraphe et le contenu du volume indiquent trĂšs clairement que LescĂšne des Maisons en est l’auteur. Remarque 2 la derniĂšre phrase du texte annonce l’ouverture des États gĂ©nĂ©raux. 1789 aprĂšs le 14 juillet Histoire de la rĂ©volution prĂ©sente, ou MĂ©moires pĂ©riodiques, impartiaux et fidĂšles, pour servir Ă  l’histoire de France pendant les annĂ©es 1789 et suivantes, par M. C***, Paris, imprimerie de J. Girouard, 1789, in-8°, 49 p. Remarque pĂ©riodique sans suite aprĂšs le numĂ©ro 1, ce texte figure dans la collection des journaux Ă©phĂ©mĂšres de la pĂ©riode de la RĂ©volution » de la BNF. Beffroy de Reigny, Louis-Abel, Histoire de France pendant trois mois; ou Relation exacte, impartiale et suivie des Ă©vĂ©nements qui ont eu lieu Ă  Paris, Ă  Versailles et dans les Provinces, depuis le 15 Mai, juqu’au 15 AoĂ»t 1789, Paris, Belin, 1789, in-8°, 184 p. 1790 Éclaircissements historiques et impartiaux sur les causes secrĂštes et les effets publics de la rĂ©volution de 1789, 1790, in 8°, 180 p. Essai historique et raisonnĂ© sur la rĂ©volution de France, en 1789 et 1790, ou lettre Ă  Mme ***, Londres, 1790, in-8°, 240 p. Histoire de la RĂ©volution de 1789 et de l’établissement d’une constitution en France ; prĂ©cĂ©dĂ©e de l’exposĂ© rapide des administrations successives qui ont dĂ©terminĂ© cette RĂ©volution mĂ©morable ; par deux Amis de la LibertĂ©, Paris, Clavelin, 1790, 3 vol., in-8°, 363+412+369=1144 p. Vol. 4-5, Paris, Clavelin,1791, 364+383 p. Vol. 6-7, Paris, Clavelin,1792, 355+351 p. Vol. 8-9, Paris, Bidault, an V. Vol. 10-11, Paris, Bidault, an VI, 414+ Vol. 12-14, Paris, Bidault, an VII. Vol. 15-16, Paris, Bidault, an IX. Vol. 17-20, Paris, Bidault, an XI. 2e Ă©d. 1792-1803, Garnery et Bidault, 19 vol., in-18. Remarque 1 le volume 20 est une table analytique » qui rĂ©sume l’ensemble. Remarque 2 l’orientation politique change en mĂȘme temps que l’éditeur le texte devient hostile Ă  la RĂ©volution Ă  partir de l’an V. Pot-pourri national, ou MatĂ©riaux pour servir Ă  l’histoire de la rĂ©volution, dĂ©diĂ© Ă  M. Servan, ancien avocat gĂ©nĂ©ral au parlement de Grenoble, par un ami de la libertĂ©, 1790, in-8°, 84 p. Hugou de Bassville, Nicolas-Jean, MĂ©moires historiques, critiques et politiques de la rĂ©volution de France, avec toutes les opĂ©rations de l’AssemblĂ©e nationale, Paris, Bleuet, 1790, 4 vol, in-8°, 380+375+381+367=1503 p. 1791 Bosselman, Engelbert, La nouvelle satyre MĂ©nipĂ©e, ou recueil choisi de traits patriotiques ; de motions singuliĂšres ; d’évĂ©nements mĂ©morables ; de satyres ingĂ©nieuses ; de portraits de personnages cĂ©lĂšbres ; de Chansons nationales ; de Discours Ă©loquents ; de Saillies piquantes ; de PoĂ©sies fugitives ; de bons mots nouveaux, etc. sur la rĂ©volution de France, avec des observations historiques et critiques, Paris, Godeby, 1791, in-12, 300 p. Remarque recueil de piĂšces trĂšs courtes, introduites par l’ Adieu Ă  l’annĂ©e 1789 » de Louis-SĂ©bastien Mercier. Histoire de la RĂ©volution de 1789 [
] ; par deux Amis de la LibertĂ©, vol. 4-5. Voir n° 6. 1792 Histoire autentique et suivie de la RĂ©volution de France, Ă  commencer depuis l’assemblĂ©e des notables jusqu’à la seconde lĂ©gislature [
] en une suite de lettres adressĂ©es par l’auteur Ă  un de ses correspondants Ă©trangers, Londres, 1792, 2 vol., in-8°, 832+827=1660 p. Boyer-Brun, Jacques-Marie, Histoire des caricatures de la rĂ©volte des Français, Paris, imp. du Journal du peuple, 1792, 2 vol, in 8°, 410+190=600 p. Montjoye, Histoire de la RĂ©volution de France, et de l’assemblĂ©e nationale, Paris, Gattey, 1792, in 4°, 791 p. Remarque le volume rassemble cinq cahiers publiĂ©s sĂ©parĂ©ment de 1791 Ă  1792 sous le titre L’Ami du Roi, des François, de l’ordre et surtout de la vĂ©ritĂ© ; ou Histoire de la RĂ©volution de France et de l’AssemblĂ©e nationale, pour former, avec le journal intitulĂ© l’Ami du Roi, et commencĂ© le 1erjuin 1790, un corps complet d’histoire du temps actuel. 2e Ă©d. Montjoye, Histoire de la rĂ©volution de France, depuis la prĂ©sentation au parlement de l’impĂŽt territorial et de celui du timbre jusqu’à la conversion des États gĂ©nĂ©raux en AssemblĂ©e nationale, Paris, imp. de Perronneau, 1797, 2 vol, in 8°, 504+648=1152 p. Peltier, Jean-Gabriel, Dernier tableau de Paris, ou rĂ©cit historique de la rĂ©volution du 10 aoĂ»t 1792, des causes qui l’ont produite, des Ă©vĂ©nements qui l’ont prĂ©cĂ©dĂ©e, et des crimes qui l’ont suivie, Londres, Chez l’Auteur, 1792-1793, 2 vol, in-8°, 495+590=1085 p. 3e Ă©d., Londres, 1794, 2 vol. 4e Ă©d., Histoire de la rĂ©volution du 10 aoust 1792, des Ă©vĂ©nemens qui l’ont prĂ©cĂ©dĂ©e, et des crimes qui l’ont suivie, Londres, Paris, Chez les principaux libraires, 1797, 2 vol. Remarque je n’ai pas retrouvĂ© la 2eĂ©dition. Rabaut, Jean-Paul, Almanach historique de la RĂ©volution françoise pour l’annĂ©e1792, Paris, Onfroy, et Strasbourg, Treutel, 1792, in-18, 284 p. 2e Ă©d. Jean-Paul Rabaut, PrĂ©cis historique de la RĂ©volution françoise, suivi de l’acte constitutionnel des Français, Paris, Onfroy et Strasbourg, Treuttel, 1792, in-24, 405 p. 3e et 4e Ă©dition en 1792. Remarque Charles de Lacretelle se prĂ©sente comme le continuateur de ce texte Ă  partir de 1801. Voir ci-dessous, n° 43. Histoire de la RĂ©volution de 1789 [
] ; par deux Amis de la LibertĂ©, vol. 6-7. Voir n° 6. 1793 1794 CatĂ©chisme rĂ©volutionnaire, ou L’histoire de la RĂ©volution française, par demandes et par rĂ©ponses Ă  l’usage de la jeunesse rĂ©publicaine, et de tous les peuples qui veulent devenir libres, Paris, Debarle, an II, in-18, 116 p. Boisdeffre, Jean-François Le Mouton de, Tableau historique de la France rĂ©volutionnaire, Leipzig, 1794, in-16°, 102 p. Gleizal, Claude, Coup d’Ɠil sur la rĂ©volution française, ou prĂ©cis historique des Ă©vĂ©nements qui l’ont accompagnĂ©e, depuis la convocation des États gĂ©nĂ©raux jusqu’au mois de fructidor, an II de la RĂ©publique française, Paris, imp. de Guffroi, [an II], in 8°, 48 p. 1795 Histoire des Jacobins de France, ou examen des principes anarchiques et dĂ©sorganisateurs de la rĂ©volution française, suivi d’une notice historique sur Louis XVI, Marie-Antoinette et Mme Élisabeth,
 par un dĂ©putĂ© aux États gĂ©nĂ©raux de 1789, Hambourg, Hoffman, 1795, 2 vol., in 12, 339+322=661 p. AndrĂ©, Jean-François, Almanach Historique et rĂ©volutionnaire, ou PrĂ©cis de toute la RĂ©volution Française et des opĂ©rations armĂ©es jusqu’à la chute du tyran Robespierre, Paris, Barba et Aubril, an III, in-24, 191 p. MarĂ©chal, Sylvain, Tableau historique des Ă©vĂ©nements rĂ©volutionnaires depuis la fondation de la RĂ©publique jusqu’à prĂ©sent, rĂ©digĂ© principalement pour les campagnes, Paris, Dufart, Basset, Langlois, Demoraine, Caillot et Louis, an III, in-18, 192 p. 1796 Mallet du Pan, Jacques, Correspondance politique pour servir Ă  l’histoire du rĂ©publicanisme français, Hambourg, P. F. Fauche, 1796, in 8°, 124 p. Quenard, P.,Portraits des personnages cĂ©lĂšbres de la RĂ©volution, Avec Tableau Historique et Notices, Paris, impr. du Cercle Social, 1796-An 4, 2 vol., in 4°, non paginĂ©. Vol. 3-4 Bonneville, François, Portraits des personnages cĂ©lĂšbres de la RĂ©volution, Paris, chez l’auteur, vol. 3, 1797 ; vol. 4, 1802, in 4°. Remarque un Tableau historique » de 72 p., signĂ© P. Quenard », ouvre le premier volume. Chaque gravure de F. Bonneville est ensuite suivie de deux pages de texte non signĂ©es. Dans les vol. 3 et 4, F. Bonneville prend la place de P. Quenard sur la page de titre. Sans le tableau historique », l’ouvrage ne relĂšve plus du genre de l’histoire. Fantin-Desodoards, Antoine-Étienne-Nicolas, Histoire philosophique de la rĂ©volution de Francedepuis la convocation des notables, par Louis XVI, jusqu’à la sĂ©paration de la Convention nationale, Paris, imprimerie de l’Union, 1796-an IV, 2 vol., in-8°, 311+326=637 p. 2e Ă©d. Histoire philosophique de la rĂ©volution de France, nouvelle Ă©dition, revue par l’auteur, Paris, Maradan, an V 1797, 4 vol., in-8°, 1395 p. 3e des quatre premiers volumes augmentĂ©s de – Histoire de la rĂ©publique française, depuis la sĂ©paration de la convention nationale jusqu’à la conclusion de la paix entre la France et l’empereur, Paris, C. Carteret, an VI, 2 vol., in 8°, 378+414=802 p. – Histoire de la RĂ©publique française, depuis le TraitĂ© de Campo-Formio, jusqu’à l’acceptation de la Constitution de l’an VIII, formant le tome septiĂšme de l’Histoire philosophique de la RĂ©volution de France par le mĂȘme auteur, Paris, Maradan, an VIII-1800, in 8°, 439 p. 4e Ă©d. Histoire philosophique de la RĂ©volution de France, depuis la premiĂšre assemblĂ©e des Notables jusqu’à la paix de 1801, quatriĂšme Ă©dition, seule conforme au manuscrit original, Paris, Belin, Calixte Volland, an IX-1801, 9 vol., in 8°, 4080 p. 5e Ă©d. Histoire philosophique de la RĂ©volution de France, depuis la premiĂšre assemblĂ©e des Notables jusqu’à la paix de Presbourg, cinquiĂšme Ă©dition revue et corrigĂ©e par l’auteur, Angers, impr. des frĂšres Mame, 1807, 10 vol, in-8°. 6e Ă©d. Histoire philosophique de la RĂ©volution de France, depuis la premiĂšre assemblĂ©e des notables en 1787 jusqu’à l’abdication de NapolĂ©on Bonaparte, sixiĂšme Ă©dition revue, corrigĂ©e et augmentĂ©e, Paris, Barba et Hubert, 1817, 6 vol, in-8°. 7e Ă©d. Histoire philosophique de la RĂ©volution de France, depuis la premiĂšre assemblĂ©e des notables en 1787 jusqu’à l’abdication de NapolĂ©on Bonaparte, septiĂšme Ă©dition, entiĂšrement conforme Ă  la prĂ©cĂ©dente, Paris, Barba, 1820, 6 vol, in 8°. 1797 Les Souvenirs de l’histoire, ou le Diurnal de la rĂ©volution de France pour l’an de grĂące 1797, Paris, G. Bridel, Desenne, Maret, Brigitte Mathei, 2 vol., in 8°, 258+298=556 p. Remarque pour chaque jour de 1797, le texte donne la date dans les deux calendriers, les heures de lever et de coucher du soleil et le rĂ©cit de ce qui s’est passĂ© le mĂȘme jour en 1793. Bertrand de Molleville, Antoine-François, MĂ©moires secrets pour servir Ă  l’histoire de la derniĂšre annĂ©e du rĂšgne de Louis XVI, roi de France, Londres, Strahan et Cadell, 1797, 3 vol., in 8°, 328+360+312=1000 p. [Chateaubriand,François-RenĂ© de], Essai historique, politique et moral sur les rĂ©volutions anciennes et modernes, considĂ©rĂ©es dans leurs rapports avec la rĂ©volution française, Londres, J. Deboffe, 1797, in 8°, 781 p. Des Essarts, Nicolas-Toussaint, PrĂ©cis historique des crimes et du supplice de Robespierre, et de ses principaux Complices, Paris, chez l’auteur, an V 1797 v. st., in 8°, 246 p. GraniĂ©, Pierre, Histoire de l’AssemblĂ©e constituante de France, Ă©crite pour un citoyen des États-Unis de l’AmĂ©rique Septentrionale, Paris, Pougin, Maret, Desenne, Deroy, 1797-VeannĂ©e rĂ©publicaine, in-8°, 270 p. 2e Ă©d. Histoire des États gĂ©nĂ©raux, ou assemblĂ©e nationale en 1789, sous Louis XVI, Paris, au bureau du journal des arts, 1814. PagĂšs, François-Xavier, Histoire secrĂšte de la rĂ©volution française, depuis la convocation des notables jusqu’à ce jour 1er novembre 1796, v. st., Paris, Jansen, an V 1797, 2 vol., in 8°, 498+537=1035 p. Le titre devient simplement Histoire secrĂšte de la RĂ©volution française Ă  partir du vol. 3. Vol. 3 Paris, Deterville, an VII, 506 p. Vol. 4-5 Paris, J. G. Dentu, an VIII, 412+288 p. Vol. 6 Paris, Dentu, an IX 1801, 358 p. Vol. 7 Paris, Dentu, an X 1802, 425 p. Remarque Dentu réédite les premiers volumes en 1800 et propose une Ă©dition complĂšte en sept volumes en 1801-1802. Prudhomme, Louis-Marie, Histoire gĂ©nĂ©rale et impartiale des erreurs, des fautes et des crimes commis pendant la RĂ©volution française, Paris, an V 1797, 6 vol., in-8°, 594+557+357+265+513+581=2867 p. Remarque il existe une autre Ă©dition avec un titre lĂ©gĂšrement diffĂ©rent. La pagination diffĂšre mais le texte est le mĂȘme Histoire gĂ©nĂ©rale et impartiale des erreurs, des fautes et des crimes commis pendant la RĂ©volution française, Paris, rue des Marais, an V 1796-1797, 6 vol., in-8°. Rivarol, Antoine de, Tableau historique et politique des travaux de l’AssemblĂ©e constituante, depuis l’ouverture des États-GĂ©nĂ©raux jusqu’aprĂšs la journĂ©e du 6 octobre 1789, Paris, Maret, Desenne, CĂ©rioux, 1797, in-8°, 394 p. Histoire de la RĂ©volution de 1789 [
] ; par deux Amis de la LibertĂ©, vol. 8-9. Voir n° 6. Fantin-Desodoards,Histoire philosophique de la rĂ©volution de France, nouvelle Ă©dition en 4 vol. Voir n° 23. 1798 Barruel, Augustin, MĂ©moires pour servir Ă  l’histoire du jacobinisme, Hambourg, P. Fauche, 1798, 5 vol., in 8°, 461+503+463+312+327=2066 p. Remarque il existe un abrĂ©gĂ© de ces mĂ©moires, en un seul volume, rééditĂ© chaque annĂ©e ou presque Ă  partir de 1798. Ivernois, Francis d’,Tableau historique et politique de l’administration de la RĂ©publique française pendant l’annĂ©e 1797, des causes qui ont amenĂ© la rĂ©volution du 4 septembre et de ses rĂ©sultats, Londres, P. Elmsley et D. Bremner, fĂ©vrier 1798, in 8°, 361 p. Histoire de la RĂ©volution de 1789 [
] ; par deux Amis de la LibertĂ©, vol. 10-11. Voir n° 6. Fantin-Desodoards,Histoire de la rĂ©publique française, vol. 1-2 formant les vol. 5 et 6 de l’Histoire philosophique. Voir n° 23. 1799 Histoire secrĂšte de l’espionnage pendant la rĂ©volution, et des causes qui ont opĂ©rĂ© la rĂ©volution française, Francfort, 1799, 2 vol., 330+400=730 p. Ivernois, Francis d’, Tableau historique et politique des pertes que la rĂ©volution et la guerre ont causĂ©es au peuple français, dans sa population, son agriculture, ses colonies, ses manufactures et son commerce, Londres, P. Elmsley et D. Bremner, mars 1799, in-8°, 520 p. Histoire de la RĂ©volution de 1789 [
] ; par deux Amis de la LibertĂ©, vol. 12-14. Voir n° 6. PagĂšs,Histoire secrĂšte de la rĂ©volution française, vol. 3. Voir n° 29. 1800 Essais sur l’histoire de la rĂ©volution française, par une sociĂ©tĂ© d’auteurs latins, Romae, Prope Caesaris Hortos et Paris, prĂšs du Jardin des Tuileries, MMDLIV-an VIII, in-8°, 85 p. 2e Ă©d. Paris, B. MathĂ©, an IX. 3e Ă©d. Nouvelle Ă©dition prĂ©cĂ©dĂ©e de quelques rĂ©flexions sur le principe de la philosophie moderne », Londres, Dulau, 1803. Remarque montage de citations d’auteurs antiques, avec la traduction en regard. SĂ©gur, Louis-Philippe de, Histoire des principaux Ă©vĂ©nemens du rĂšgne de F. Guillaume II, roi de Prusse, et tableau politique de l’Europe depuis 1786 jusqu’en 1796, Paris, F. Buisson, an IX-1800, 3 vol., in-8°, 442+580+411=1433 p. 2e Ă©d. Tableau historique et politique de l’Europe, depuis 1786 jusqu’en 1796, ou l’an IV ; contenant l’histoire des principaux Ă©vĂ©nemens du rĂšgne de F. Guillaume II, Paris, Buisson, an IX 1801, 3 vol., in 8°. 3e Ă©d. mĂȘme titre que la 2eĂ©d., Paris, F. Buisson, 1803. Fantin-Desodoards,Histoire de la rĂ©publique française, vol. 3 formant le vol. 7 de l’Histoire philosophique. Voir n° 23. PagĂšs,Histoire secrĂšte de la rĂ©volution française, vol. 4-5. Voir n° 29. 1801 Essai historique, politique et moral sur les rĂ©volutions anciennes et modernes, jusques et y compris l’époque du 18 Brumaire an 8, prĂ©cĂ©dĂ© d’un abrĂ©gĂ© raisonnĂ© de la rĂ©volution française, Paris, Michel, in-8°, 244 p. Remarque montage de deux ouvrages antĂ©rieurs. Remarque annoncĂ© dans le numĂ©ro 12 de la BibliothĂšque françaisegerminal an IX-avril 1801. Histoire du Directoire exĂ©cutif de la RĂ©publique française, depuis son installation jusqu’au dix-huit Brumaire inclusivement, Paris, F. Buisson, an IX 1801, 2 vol., in-8°, 445+532=977 p. Beaulieu, Claude-François, Essais historiques sur les causes et les effets de la rĂ©volution de France, avec des notes sur quelques Ă©vĂ©nements et quelques institutions, Paris, Maradan, an IX-1801, 2 vol., in-8°, 453+550=1003 p. Vol. 3-6 Paris, Maradan, an XI-1803, 498+437+502+523=1960 p. Bertrand de Molleville, Antoine-François, Histoire de la RĂ©volution de France, pendant les derniĂšres annĂ©es du rĂšgne de Louis XVI, Paris, Giguet, an 9 1801, 5 vol., in-8°, 404+376+379+372+396=1927 p. Vol. 6-10 Paris, Giguet, an 10 1802, 466+450+460+457+538=2371 p. Vol. 11-14 Paris, Giguet, an 11 1803, 367+454+366+352=1539 p. Remarque le texte des premiers volumes a d’abord Ă©tĂ© publiĂ© dans une traduction anglaise, Ă  Londres, oĂč se trouvait Bertrand de Molleville Annals of the French Revolution ; or, a chronological account of its principal events ; with a variety of anecdotes and characters hitherto unpublished, London, T. Cadell jun. and W. Davis, 1800, 4 vol. Blanc de Volx, Jean, Des Causes des RĂ©volutions, et de leurs effets ou ConsidĂ©rations historiques et politiques sur les MƓurs qui prĂ©parent, accompagnent et suivent les RĂ©volutions, Paris, Dentu, an IX – 1801, 2 vol., in-8°, 352+374=726 p. Lacretelle, Charles, PrĂ©cis historique de la RĂ©volution française. AssemblĂ©e lĂ©gislative, Paris, Onfroy, Treuttel et WĂŒrtz, an IX 1801, in-12, 504 p. [Vol. 2-3] PrĂ©cis historique de la RĂ©volution française. Convention nationale, Paris, Treuttel et WĂŒrtz ; Onfroy, 1803, 2 vol. [Vol. 4-5] PrĂ©cis historique de la RĂ©volution française. Directoire exĂ©cutif, Paris, Treuttel et WĂŒrtz ; Onfroy, 1806, 2 vol. Remarque se prĂ©sente comme la suite du PrĂ©cis historiquede Jean-Pierre Rabaut voir ci-dessus, n° 14. Lecomte, Pierre-Charles, MĂ©morial, ou Journal historique, impartial et anecdotique de la RĂ©volution de France, contenant une sĂ©rie exacte des faits principaux qui ont amenĂ© et prolongĂ© cette rĂ©volution, depuis 1786, jusqu’à l’armistice signĂ©e dans les derniers jours de l’an VIII ; dans lequel la chronologie a Ă©tĂ© scrupuleusement observĂ©e, et oĂč l’on voit quantitĂ© de rapprochements curieux, d’anecdotes hĂ©roĂŻques, nationales et satyriques, la plupart inĂ©dites, Paris, Duponcet, an IX-1801, 2 vol., in-12, 402+404=806 p. Vol. 3 MĂ©morial, ou Journal historique, impartial et anecdotique de la RĂ©volution de France, contenant une sĂ©rie exacte des faits principaux qui ont amenĂ© et prolongĂ© cette rĂ©volution, depuis la fin de l’an VIII, jusqu’à la dĂ©cision du Consulat Ă  vie ; derniĂšre Ă©poque de cette grande rĂ©volution [
], Paris, Duponcet, an XI-1803, in-12, 294 p. Papon, Jean Pierre, Tableau d’une histoire de la rĂ©volution française, Paris, 15 brumaire an X, 18 p. Remarque annonce un ouvrage qui sera publiĂ© Ă  titre posthume en 1815 Histoire de la rĂ©volution de France depuis l’ouverture des États gĂ©nĂ©raux mai 1789 jusqu’au 18 brumaire novembre 1799, Paris, Poulet, 1815, 6 vol. Toulongeon, François-Emmanuel,Histoire de France depuis 1789, Ă©crite d’aprĂšs les mĂ©moires et manuscrits contemporains rassemblĂ©s dans les dĂ©pĂŽts civils et militaires, Paris et Strasbourg, Treuttel et WĂŒrtz, an IX 1801, in-4°, 600 p. Vol. 2 an XI 1803, in-4°, 610 p. Vol. 3 1806, in-4°, 283 p. Vol. 4 1810, 458 p. Remarque chaque volume s’achĂšve par de trĂšs nombreuses piĂšces justificatives auxquelles renvoient des notes marginales au cours du rĂ©cit. Les volumes 1 et 2 comportent des cartes et plans utilisant partiellement la couleur. Le volume 3 comporte une grande carte de France en noir et blanc. Remarque une Ă©dition in-8° est publiĂ©e en mĂȘme temps que l’édition in-4° vol. 1-2 en 1801, vol. 3-4 en 1803, vol. 5 en 1806, vol. 6-7 en 1810. Histoire de la RĂ©volution de 1789 [
] ; par deux Amis de la LibertĂ©, vol. 15-16. Voir n° 6. Fantin-Desodoards,Histoire philosophique de la RĂ©volution de France, 4e Ă©dition en 9 vol. dont 2 nouveaux. Voir n° 23. PagĂšs,Histoire secrĂšte de la rĂ©volution française, vol. 6. Voir n° 29. 1802 Fantin-Desodoards, Antoine-Étienne-Nicolas, AbrĂ©gĂ© chronologique de la RĂ©volution de France, Ă  l’usage des Ă©coles publiques, Paris, Barba, an X 1802, 3 vol., in-12, 531+500+488=1519 p. PagĂšs, Histoire secrĂšte de la rĂ©volution française, vol. 7. Voir n° 29. Bertrand de Molleville, Histoire de la RĂ©volution de France, vol. 6-10. Voir n° 41. 1803 Histoire de la guerre civile en France, et des malheurs qu’elle a occasionnĂ©s [
] par l’Aut. de l’Histoire du RĂšgne de Louis XVI, Paris, Lerouge, 1803, 3 vol., in-8°, 378+420+516=1314 p. Histoire de la RĂ©volution de 1789 [
] ; par deux Amis de la LibertĂ©, vol. 17-20. Voir n° 6. Beaulieu, Essais historiques sur les causes et les effets de la rĂ©volution de France, vol. 3-6. Voir n° 40. Bertrand de Molleville, Histoire de la RĂ©volution de France, vol. 11-14. Voir n° 41. Lacretelle, PrĂ©cis historique de la RĂ©volution française. Convention nationale, 2 vol. Voir n° 43. Lecomte, MĂ©morial, ou Journal historique, impartial et anecdotique de la RĂ©volution de France, vol. 3. Voir n° 44. Toulongeon,Histoire de France depuis 1789, vol. 2. Voir n° 46. 1804 1805 1806 La Fin du 18esiĂšcle, ou Anecdotes curieuses et intĂ©ressantes, tirĂ©es de manuscrits originaux,
 pour servir de matĂ©riaux Ă  l’histoire de la RĂ©publique française, Paris, Monory, an XIV-1805 et 1806, in-8°, 284 p. Histoire de France depuis le 21 janvier 1793, Ă©poque de la mort de Louis XVI, jusqu’au jour du couronnement de NapolĂ©on premier, Paris, Artaud, 1806, in-8°, 437 p. Lacretelle,PrĂ©cis historique de la RĂ©volution française. Directoire exĂ©cutif, 2 vol. Voir n° 43. Toulongeon,Histoire de France depuis 1789, vol. 3. Voir n° 46. 1807 Fantin-Desodoards,Histoire philosophique de la RĂ©volution de France, 5e Ă©dition en 10 vol. dont 1 nouveau. Voir n° 23. 1808 1809 1810 Paganel, Pierre, Essai historique et critique sur la RĂ©volution française, dĂ©diĂ© Ă  M. le comte de LacĂ©pĂšde, Paris, Plassan et Strasbourg, Treuttel et WĂŒrtz, 1810, 3 vol., in-8°, 399+360+413=1172 p. 2e Ă©d. Paris, C. L. F. Panckoucke, 1815. Remarque la premiĂšre Ă©dition a Ă©tĂ© saisie et dĂ©truite par le pouvoir impĂ©rial. Toulongeon,Histoire de France depuis 1789, vol. 4. Voir n° 46. 1811 1812 1813 1814 avant l’abdication de NapolĂ©on Études Desmarais, Cyprien, Histoire des histoires de la RĂ©volution française, pour servir de complĂ©ment Ă  tous les Ă©crits sur la mĂȘme Ă©poque, Paris, Paul MĂ©quignon, 1834. Aulard, Alphonse, Études et leçons sur la RĂ©volution française, SixiĂšme sĂ©rie, Paris, FĂ©lix Alcan, 1910. Godechot, Jacques, Les RĂ©volutions 1770-1799, Paris, PUF, [1963], 4e Ă©dition mise Ă  jour, 1986. GĂ©rard, Alice, La RĂ©volution française, mythes et interprĂ©tations, coll. questions d’histoire, Paris, Flammarion, 1970. BĂ©tournĂ©, Olivier et Hartig, Aglaia I., Penser l’histoire de la RĂ©volution, deux siĂšcles de passion française, Paris, La DĂ©couverte, 1989. Bourdin, Philippe dir., La RĂ©volution, 1789-1871, Ă©criture d’une histoire immĂ©diate, Clermont-Ferrand, Presses Universitaires Blaise Pascal, 2008. Mazauric, Claude, L’histoire de la RĂ©volution française et la pensĂ©e marxiste, Paris, PUF, 2009. Mazauric, Claude, Retour sur 200 ans d’histoire et de rĂ©volution », La RĂ©volution française, une histoire toujours vivante, sous la direction de Michel Biard, Paris, Tallandier, 2009. Serna, Pierre, RĂ©volution française. Historiographie au xixe siĂšcle », dans Christian Delacroix, François Dosse, Patrick Garcia et Nicolas Offenstadt dir., Historiographies. Concepts et dĂ©bats, Paris Gallimard, coll. Folio histoire», 2010, vol. 2, p. 1186-1199. Sources bibliographiques Catalogue de l’histoire de France, Reproduction de l’édition publiĂ©e de 1855 Ă  1895, Paris, BibliothĂšque Nationale, 1968, t. I [1855] en particulier la section La32, Ouvrages gĂ©nĂ©raux sur la RĂ©volution». Monglond, AndrĂ©, La France rĂ©volutionnaire et impĂ©riale, annales de bibliographie mĂ©thodique et description des livres illustrĂ©s, Paris, Impr. Nationale, 1930-1957, 8 vol. Image Ă  la une Fantin-Desodoards, Histoire philosophique de la RĂ©volution de France n° 23, Ă©dition de 1801, en 9 volumes. Pour citer cet article Olivier Ritz, Bibliographie des premiĂšres histoires de la RĂ©volution 1789-1814», LittĂ©rature et RĂ©volution, publiĂ© le 11 juin 2018, On pourra se rĂ©fĂ©rer au livre et aux articles signalĂ©s dans le premier paragraphe pour connaĂźtre plus prĂ©cisĂ©ment la mĂ©thode qui m’a permis d’établir cette liste. [↩] Book digitized by Google from the library of the New York Public Library and uploaded to the Internet Archive by user ; 19 cm"Ouvrage posthume, publié en 1818 par M. Le Duc de Broglie et M. Le Baron De Staël." "Ouvrage posthume, publiĂ© en 1818 par M. Le Duc de Broglie et M. Le Baron De StaĂ«l." Marx a Ă©tĂ© littĂ©ralement fascinĂ© par la RĂ©volution française. Comme pour beaucoup d’intellectuels allemands de sa gĂ©nĂ©ration, elle Ă©tait Ă  ses yeux tout simplement la rĂ©volution par excellence – plus prĂ©cisĂ©ment la rĂ©volution la plus gigantesque qu’ait connue l’histoire ». *** On sait qu’en 1844, il avait eu l’intention d’écrire un livre sur la RĂ©volution française, Ă  partir de l’histoire de la Convention. DĂšs 1843, il avait commencĂ© Ă  consulter des ouvrages, Ă  prendre des notes, Ă  dĂ©pouiller des pĂ©riodiques et des collections. Ce sont d’abord surtout des ouvrages allemands – Karl Friederich Ernst Ludwig, Wilhelm Wachsmuth – mais ensuite prĂ©dominent les livres français, notamment les mĂ©moires du conventionnel Levasseur, dont les extraits remplissent plusieurs pages du cahier de notes de Marx rĂ©digĂ© Ă  Paris en 1844. Outre ces carnets reproduits par Maximilien Rubel dans le volume III des ƒuvres dans la Pléïade, les rĂ©fĂ©rences citĂ©es dans ces articles ou ces livres surtout au cours des annĂ©es 1844-1848 tĂ©moignent de la vaste bibliographie consultĂ©e L’Histoire parlementaire de la RĂ©volution française, de Buchez et Roux, L’Histoire de la RĂ©volution française, de Louis Blanc, celles de Carlyle, Mignet, Thiers, Cabet, des textes de Camille Desmoulin, Robespierre, Saint-Just, Marat, etc. On peut trouver un relevĂ© partiel de cette bibliographie dans l’article de Jean Bruhat sur Marx et la RĂ©volution française », publiĂ© dans les Annales historiques de la RĂ©volution française », en avril-juin 1966. Le triomphe d’un nouveau systĂšme social Le projet de livre sur la Convention n’a pas abouti mais on trouve, parsemĂ©es dans ses Ă©crits tout au long de sa vie, de multiples remarques, analyses, excursions historiographiques et esquisses interprĂ©tatives sur la RĂ©volution française. Cet ensemble est loin d’ĂȘtre homogĂšne il tĂ©moigne de changements, rĂ©orientations, hĂ©sitations et parfois contradictions dans sa lecture des Ă©vĂ©nements. Mais on peut en dĂ©gager aussi quelques lignes de force qui permettent de dĂ©finir l’essence du phĂ©nomĂšne – et qui vont inspirer au cours d’un siĂšcle et demi toute l’historiographie socialiste. Cette dĂ©finition part, on le sait, d’une analyse critique des rĂ©sultats du processus rĂ©volutionnaire de ce point de vue, il s’agit pour Marx, sans l’ombre d’un doute, d’une rĂ©volution bourgeoise. Cette idĂ©e n’était pas, en elle-mĂȘme, nouvelle la nouveautĂ© de Marx a Ă©tĂ© de fusionner la critique communiste des limites de la RĂ©volution française depuis Baboeuf et Buonarroti jusqu’à Mosses Hess avec son analyse de classe par les historiens de l’époque de la Restauration Mignet, Thiers, Thierry, etc., et de situer le tout dans le cadre de l’histoire mondiale, grĂące Ă  sa mĂ©thode historique matĂ©rialiste. Il en rĂ©sulte une vision d’ensemble, vaste et cohĂ©rente, du paysage rĂ©volutionnaire français, qui fait ressortir la logique profonde des Ă©vĂ©nements au-delĂ  des multiples dĂ©tails des Ă©pisodes hĂ©roĂŻques ou crapuleux, des reculs et des avancĂ©es. Une vision critique et dĂ©mystificatrice qui dĂ©voile, derriĂšre la fumĂ©e des batailles et l’ivresse des discours, la victoire d’un intĂ©rĂȘt de classe, l’intĂ©rĂȘt de la bourgeoisie. Comme il le souligne dans un passage brillant et ironique de La Sainte-Famille 1845, qui saisit en un trait de plume le fil rouge de l’histoire la puissance de cet intĂ©rĂȘt fut telle qu’il vainquit la plume d’un Marat, la guillotine des hommes de la Terreur, le glaive de NapolĂ©on, tout comme le crucifix et le sang-bleu des Bourbons »[2]. En rĂ©alitĂ©, la victoire de cette classe fut, en mĂȘme temps, l’avĂšnement d’une nouvelle civilisation, de nouveaux rapports de production, de nouvelles valeurs – non seulement Ă©conomiques mais aussi sociales et culturelles – bref, d’un nouveau mode de vie. Ramassant en un paragraphe la signification historique des rĂ©volutions de 1848 et de 1789 mais ses remarques sont plus pertinentes pour la derniĂšre que pour la premiĂšre, Marx observe, dans un article de la Nouvelle Gazette RhĂ©nane en 1848 Elles Ă©taient le triomphe de la bourgeoisie, mais le triomphe de la bourgeoisie Ă©tait alors le triomphe d’un nouveau systĂšme social, la victoire de la propriĂ©tĂ© bourgeoise sur la propriĂ©tĂ© fĂ©odale, du sentiment national sur le provincialisme, de la concurrence sur le corporatisme, du partage sur le majorat, 
 des lumiĂšres sur la superstition, de la famille sur le nom, de l’industrie sur la paresse hĂ©roĂŻque, du droit bourgeois sur les privilĂšges moyenĂągeux. »[3] Bien entendu, cette analyse marxienne sur le caractĂšre – en derniĂšre analyse – bourgeois de la RĂ©volution française n’était pas un exercice acadĂ©mique d’historiographie elle avait un but politique prĂ©cis. Elle visait, en dĂ©mystifiant 1789, Ă  montrer la nĂ©cessitĂ© d’une nouvelle rĂ©volution, la rĂ©volution sociale – celle qu’il dĂ©signe, en 1844, comme l’émancipation humaine » en opposition Ă  l’émancipation uniquement politique et, en 1846, comme la rĂ©volution communiste. Une des caractĂ©ristiques principales qui distingueront cette nouvelle rĂ©volution de la RĂ©volution française de 1789-1794 sera, selon Marx, son antiĂ©tatisme », sa rupture avec l’appareil bureaucratique aliĂ©nĂ© de l’État. Jusqu’ici, toute les rĂ©volutions ont perfectionnĂ© cette machine au lieu de la briser. Les partis qui luttĂšrent Ă  tour de rĂŽle pour le pouvoir considĂšrent la conquĂȘte de cette immense Ă©difice D’État comme la principale proie du vainqueur ». PrĂ©sentant cette analyse dans Le Dix-Huit Brumaire, il observe – de façon analogue Ă  Tocqueville – que la RĂ©volution française n’a fait que dĂ©velopper l’Ɠuvre commencĂ©e par la monarchie absolue la centralisation, 
 l’étendue, les attributs et les exĂ©cutants du pouvoir gouvernemental. NapolĂ©on acheva de perfectionner cette machinerie d’État ». Toutefois, pendant la monarchie absolue, la rĂ©volution et le Premier Empire, cet appareil n’a Ă©tĂ© qu’un moyen de prĂ©parer la domination de classe de la bourgeoisie, qui s’exercera plus directement sous Louis-Philippe et la RĂ©publique de 1848
 Quitte Ă  faire la place Ă  nouveau, Ă  l’autonomie du politique durant le Second Empire – quand l’État semble s’ĂȘtre rendu complĂštement indĂ©pendant ». En d’autres termes l’appareil Ă©tatique sert les intĂ©rĂȘts de classe de la bourgeoisie sans ĂȘtre nĂ©cessairement sous son contrĂŽle direct. Ne pas toucher au fondement de cette machine parasitaire et aliĂ©nĂ©e est une des limitations bourgeoises les plus dĂ©cisives de la RĂ©volution française selon Marx. Comme l’on sait, cette idĂ©e esquissĂ©e en 1852 sera dĂ©veloppĂ©e en 1871 dans ses Ă©crits sur la Commune – premier exemple de rĂ©volution prolĂ©tarienne qui brise l’appareil d’État et en fini avec ce boa constrictor » qui enserre le corps social dans les mailles universelles de sa bureaucratie, de sa police, de son armĂ©e permanente ». La RĂ©volution française, par son caractĂšre bourgeois, ne pouvait pas Ă©manciper la sociĂ©tĂ© de cette excroissance parasitaire », de ce grouillement de vermine d’État », de cette Ă©norme parasite gouvernemental »[4]. Les tentatives rĂ©centes des historiens rĂ©visionnistes pour dĂ©passer » l’analyse marxienne de la RĂ©volution française aboutissent gĂ©nĂ©ralement Ă  une rĂ©gression vers des interprĂ©tations plus anciennes, libĂ©rales ou spĂ©culatives. Se confirme ainsi la remarque profonde de Sartre le marxisme est l’horizon indĂ©passable de notre Ă©poque et les tentatives pour aller au-delĂ  » de Marx finissent souvent par tomber en deçà de lui. On peut illustrer ce paradoxe par la dĂ©marche du reprĂ©sentant le plus talentueux et le plus intelligent de cette Ă©cole, François Furet, qui ne trouve pas d’autres chemins pour dĂ©passer Marx que
 le retour Ă  Hegel. Selon Furet, l’idĂ©alisme hĂ©gĂ©lien se prĂ©occupe infiniment plus des donnĂ©es concrĂštes de l’histoire de France du XVIIIe siĂšcle que le matĂ©rialisme de Marx ». Quelles sont donc ces donnĂ©es concrĂštes » infiniment plus importantes que les rapports de production et la lutte de classes ? Il s’agit du long travail de l’esprit dans l’histoire »  GrĂące Ă  lui l’esprit avec un E majuscule, nous pouvons enfin comprendre la vraie nature de la RĂ©volution française plutĂŽt que le triomphe d’une classe sociale, la bourgeoisie, elle est l’affirmation de la conscience de soi comme volontĂ© libre, coextensive avec l’universel, transparente Ă  elle-mĂȘme, rĂ©conciliĂ©e avec l’ĂȘtre ». Cette lecture hĂ©gĂ©lienne des Ă©vĂ©nements conduit Furet Ă  la curieuse conclusion que la RĂ©volution française a abouti Ă  un Ă©chec », dont il faudrait chercher la cause dans une erreur » vouloir dĂ©duire le politique du social ». Le responsable de cet Ă©chec » serait, en derniĂšre analyse
 Jean-Jacques Rousseau. L’erreur de Rousseau et de la RĂ©volution française tient dans la tentative d’affirmer l’antĂ©cĂ©dence du social sur l’État ». Hegel, en revanche, avait parfaitement compris qu’ il n’y a qu’à travers l’État, cette forme supĂ©rieure de l’histoire, que la sociĂ©tĂ© s’organise selon la raison ». C’est une interprĂ©tation possible des contradictions de la RĂ©volution française, mais est-elle vraiment infiniment plus concrĂšte » que celle esquissĂ©e par Marx ?[5] Quel fut le rĂŽle de la classe bourgeoise ? Reste Ă  savoir dans quelle mesure cette rĂ©volution bourgeoise a Ă©tĂ© effectivement menĂ©e, impulsĂ©e et dirigĂ©e par la bourgeoisie. On trouve dans certains textes de Marx de vĂ©ritables hymnes Ă  la gloire de la bourgeoisie rĂ©volutionnaire française de 1789 ; il s’agit presque toujours d’écrits qui la comparent avec son Ă©quivalent social outre-Rhin, la bourgeoisie allemande du XIXe siĂšcle. DĂšs 1844, il regrette l’inexistence en Allemagne d’une classe bourgeoise pourvue de cette grandeur d’ñme qui s’identifie, ne serait-ce qu’un moment, Ă  l’ñme du peuple, de ce gĂ©nie qui inspire Ă  la force matĂ©rielle l’enthousiasme pour la puissance politique, de cette hardiesse rĂ©volutionnaire qui lance Ă  l’adversaire en guise de dĂ©fi je ne suis rien et je devrais ĂȘtre tout ».[6] Dans ses articles Ă©crits pendant la rĂ©volution de 1848, il ne cesse de dĂ©noncer la lĂąchetĂ© » et la trahison » de la bourgeoisie allemande, en la comparant au glorieux paradigme français La bourgeoisie prussienne n’était pas la bourgeoisie française de 1789, la classe qui, face aux reprĂ©sentants de l’ancienne sociĂ©tĂ©, de la royautĂ© et de la noblesse, incarnait Ă  elle seule toute la sociĂ©tĂ© moderne. Elle Ă©tait dĂ©chue au rang d’une sorte de caste 
 encline dĂšs l’abord Ă  trahir le peuple et Ă  tenter des compromis avec le reprĂ©sentant couronnĂ© de l’ancienne sociĂ©tĂ© ».[7] Dans un autre article de la Nouvelle Gazette RhĂ©nane juillet 1848, il examine de façon plus dĂ©taillĂ©e ce contraste la bourgeoisie française de 1789 n’abandonnera pas un instant ses alliĂ©s, les paysans. Elle savait que la base de sa domination Ă©tait la dĂ©construction de la fĂ©odalitĂ© Ă  la campagne, la crĂ©ation d’une classe paysanne libre, possĂ©dant des terres. La bourgeoisie de 1848 trahit sans aucune hĂ©sitation les paysans, qui sont ses alliĂ©s les plus naturels, la chair de sa chair, et sans lesquels elle est impuissante face Ă  la noblesse ».[8] Cette cĂ©lĂ©bration des vertus rĂ©volutionnaires de la bourgeoisie française va inspirer plus tard surtout au XXe siĂšcle toute une vision linĂ©aire et mĂ©canique du progrĂšs historique chez certains courants marxistes. Nous en reparlerons plus loin. En lisant ces textes, on a parfois l’impression que Marx n’exalte autant la bourgeoisie rĂ©volutionnaire de 1789 que pour mieux stigmatiser sa misĂ©rable » contrefaçon allemande de 1848. Cette impression est confirmĂ©e par des textes quelque peu antĂ©rieurs Ă  1848, oĂč le rĂŽle de la bourgeoisie française apparaĂźt bien moins hĂ©roĂŻque. Dans L’IdĂ©ologie allemande, par exemple, il observe Ă  propos de la dĂ©cision des États GĂ©nĂ©raux de se proclamer en AssemblĂ©e souveraine L’AssemblĂ©e Nationale fut forcĂ© de faire ce pas en avant, poussĂ©e qu’elle Ă©tait par la masse innombrable qui se tenait derriĂšre elle. »[9] Et, dans un article de 1847, il affirme au sujet de l’abolition rĂ©volutionnaire des vestiges fĂ©odaux en 1789-1794 TimorĂ©e et conciliante comme elle l’est, la bourgeoisie ne fĂ»t venue Ă  bout de cette besogne mĂȘme en plusieurs dĂ©cennies. Par consĂ©quent, l’action sanglante du peuple n’a fait que lui prĂ©parer les voies. »[10] Si l’analyse marxienne du caractĂšre bourgeois de la RĂ©volution est d’une remarquable cohĂ©rence et clartĂ©, la mĂȘme chose ne peut ĂȘtre dite pour ses tentatives d’interprĂ©ter le jacobinisme, la Terreur, 1793. ConfrontĂ© au mystĂšre jacobin, Marx hĂ©site. Cette hĂ©sitation est visible dans les variations d’une pĂ©riode Ă  l’autre, d’un texte Ă  l’autre, et parfois Ă  l’intĂ©rieur d’un mĂȘme document
 Toutes les hypothĂšses qu’il avance ne sont pas du mĂȘme intĂ©rĂȘt. Certaines, assez extrĂȘmes – et d’ailleurs mutuellement contradictoires -, sont peu convaincantes. Par exemple, dans un passage de L’IdĂ©ologie allemande, il prĂ©sente la Terreur comme la mise en pratique du libĂ©ralisme Ă©nergique de la bourgeoisie » ! Or, quelques pages plus tĂŽt, Robespierre et Saint-Just sont dĂ©finis comme les authentiques reprĂ©sentants des forces rĂ©volutionnaires la masse innombrable » » [11] Cette derniĂšre hypothĂšses est encore une fois suggĂ©rĂ©e dans un passage de l’article contre Karl Heinzen, de 1847 si, comme en 1794, 
 le prolĂ©tariat renverse la domination politique de la bourgeoisie » avant que les conditions matĂ©rielles de son pouvoir ne soient donnĂ©es, sa victoire ne sera que passagĂšre » et servira, en derniĂšre analyse, Ă  la rĂ©volution bourgeoise elle-mĂȘme.[12] La formulation est indirecte et la rĂ©fĂ©rence Ă  la RĂ©volution française n’est faite qu’en passant, en vue d’un dĂ©bat politique actuel, mais il est tout de mĂȘme surprenant que Marx ait pu envisager les Ă©vĂ©nements de 1794 comme une victoire du prolĂ©tariat »  D’autres interprĂ©tations sont plus pertinentes et peuvent ĂȘtre considĂ©rĂ©es comme rĂ©ciproquement complĂ©mentaires a La Terreur est un moment d’autonomisation du politique qui entre en conflit violent avec la sociĂ©tĂ© bourgeoise. Le locus classicus »de cette hypothĂšse est un passage de La Question Juive 1844 Évidement Ă  des Ă©poques oĂč l’Etat politique comme tel naĂźt violemment de la sociĂ©tĂ© bourgeoise 
 l’Etat peut et doit aller jusqu’à la suppression de la religion 
 mais uniquement comme il va jusqu’à la suppression de la propriĂ©tĂ© privĂ©e, au maximum, Ă  la confiscation, Ă  l’impĂŽt progressif, Ă  la suppression de la vie, Ă  la guillotine. 
 La vie politique cherche Ă  Ă©touffer ses conditions primordiales, la sociĂ©tĂ© bourgeoise et ses Ă©lĂ©ments pour s’ériger en vie gĂ©nĂ©rique vĂ©ritable et absolue de l’homme. Mais elle ne peut atteindre ce but qu’en se mettant en contradiction violente avec ses propres conditions d’existence, en dĂ©clarant la rĂ©volution Ă  l’état permanent ; aussi le drame politique se termine-t-il nĂ©cessairement par la restauration de tous les Ă©lĂ©ments de la sociĂ©tĂ© bourgeoise ».[13] Le jacobinisme apparaĂźt sous cet Ă©clairage comme une tentative vaine et nĂ©cessairement avortĂ©e d’affronter la sociĂ©tĂ© bourgeoise Ă  partir de l’Etat de façon strictement politique. b Les hommes de la Terreur – Robespierre, Saint-Just et leur parti »– ont Ă©tĂ© victimes d’une illusion ils ont confondu l’antique rĂ©publique romaine avec l’Etat reprĂ©sentatif moderne. Pris dans une contradiction insoluble, ils ont voulu sacrifier la sociĂ©tĂ© bourgeoise Ă  un mode antique de vie politique ». Cette idĂ©e, dĂ©veloppĂ©e dans La Sainte Famille, implique comme l’hypothĂšse antĂ©rieure, une pĂ©riode historique d’exaspĂ©ration et d’autonomisation du politique. Elle aboutit Ă  la conclusion, quelque peu surprenante, que NapolĂ©on est l’hĂ©ritier du jacobinisme il a reprĂ©sentĂ© la derniĂšre bataille du terrorisme rĂ©volutionnaire contre la sociĂ©tĂ© bourgeoise, proclamĂ©e elle aussi par la rĂ©volution, et contre sa politique ». Il est vrai qu’il n’avait rien d’un terroriste exaltĂ© » ; nĂ©anmoins, il considĂ©rait encore l’Etat comme une fin en soi, et la vie civile uniquement comme son trĂ©sorier et comme son subalterne, qui devait renoncer Ă  toute volontĂ© propre. Il accompli le terrorisme en remplaçant la rĂ©volution permanente par la guerre permanente ».[14] On retrouve cette thĂšse dans Le Dix-Huit Brumaire 1852, mais cette fois Marx insiste sur la ruse de la raison qui fait des Jacobins et de Bonaparte les accoucheurs de cette mĂȘme sociĂ©tĂ© bourgeoise qu’ils mĂ©prisaient Camille Desmoulin, Danton, Robespierre, Saint-Just, NapolĂ©on, les hĂ©ros, de mĂȘme que les partis et la masse lors de l’ancienne RĂ©volution française accomplirent dans le costume romain, et avec la phrasĂ©ologie romaine, la tĂąche de leur Ă©poque, Ă  savoir la libĂ©ration et l’instauration de la sociĂ©tĂ© bourgeoise moderne. 
 La nouvelle forme de sociĂ©tĂ© une fois Ă©tablie, disparurent les colosses antĂ©diluviens et, avec eux, la Rome ressuscitĂ©e les Brutus, les Gracchus, les Publicola, les Tribuns, les SĂ©nateurs, et CĂ©sar lui-mĂȘme. La sociĂ©tĂ© bourgeoise, dans sa sobre rĂ©alitĂ©, s’était créée ses vĂ©ritables interprĂštes et porte-parole dans la personne des Say, des Cousin, des Royer-Collard, des Benjamin Constant et des Guizot. »[15] Robespierre et NapolĂ©on, mĂȘme combat ? La formule est discutable. On la trouvait dĂ©jĂ  sous la plume des libĂ©raux tels que Madame de StaĂ«l qui dĂ©crivait Bonaparte comme un Robespierre Ă  cheval ». Chez Marx, en tout cas, elle montre le refus de toute filiation directe entre jacobinisme et socialisme. Cependant, on a l’impression qu’elle relĂšve moins d’une critique du jacobinisme comme chez Daniel GuĂ©rin un siĂšcle plus tard que d’une certaine idĂ©alisation » de l’homme du Dix-Huit Brumaire, considĂ©rĂ© par Marx – en accord avec une tradition de la gauche rhĂ©nane par exemple Heine – comme le continuateur de la RĂ©volution française. c La Terreur a Ă©tĂ© une mĂ©thode plĂ©bĂ©ienne d’en finir de façon radicale avec les vestiges fĂ©odaux et dans ce sens elle a Ă©tĂ© fonctionnelle pour l’avĂšnement de la sociĂ©tĂ© bourgeoise. Cette hypothĂšse est suggĂ©rĂ©e dans plusieurs Ă©crits, notamment l’article sur La bourgeoisie et la contre-rĂ©volution »de 1848. Analysant le comportement des couches populaires urbaines le prolĂ©tariat et les autres catĂ©gories sociales n’appartenant pas Ă  la bourgeoisie », Marx affirme MĂȘme lĂ  oĂč elles s’opposaient Ă  la bourgeoisie, comme par exemple de 1793 Ă  1794 en France, elle ne luttaient que pour faire triompher les intĂ©rĂȘts de la bourgeoisie, quand bien mĂȘme ce n’était pas Ă  sa maniĂšre. Toute la Terreur en France ne fut rien d’autre qu’une mĂ©thode plĂ©bĂ©ienne d’en finir avec les ennemis de la bourgeoisie, l’absolutisme, le fĂ©odalisme et l’esprit petit-bourgeois ».[16] L’avantage Ă©vident de cette analyse Ă©tait d’intĂ©grer les Ă©vĂ©nements de 1793-1794 dans la logique d’ensemble de la RĂ©volution française – l’avĂšnement de la sociĂ©tĂ© bourgeoise. Utilisant la mĂ©thode dialectique, Marx montre que les aspects anti-bourgeois » de la Terreur n’ont servi, en derniĂšre analyse, qu’à mieux assurer le triomphe social et politique de la bourgeoisie. Le marxisme et le jacobinisme Les trois aspects mis en Ă©vidence par ces trois lignes d’interprĂ©tation du jacobinisme – l’hypertrophie du politique en lutte contre la sociĂ©tĂ© bourgeoise, l’illusion de revenir Ă  la RĂ©publique antique et le rĂŽle d’instrument plĂ©bĂ©ien au service des intĂ©rĂȘts objectifs de la bourgeoisie – sont tout Ă  fait compatibles et permettent de saisir diffĂ©rentes facettes de la rĂ©alitĂ© historique. On est cependant frappĂ©s par deux aspects d’une part, l’importance quelque peu excessive que Marx attribue Ă  l’illusion romaine comme clĂ© explicative du comportement des Jacobins. D’autant plus qu’une des exigences du matĂ©rialisme historique est d’expliquer les idĂ©ologies et les illusions par la position et les intĂ©rĂȘts des classes sociales
 Or, il n’y a pas chez Marx ou Engels une tentative, mĂȘme approximative, de dĂ©finir la nature de classe du jacobinisme. Ce ne sont pas des analyses de classe qui manquent dans ses Ă©crits sur la RĂ©volution française le rĂŽle de l’aristocratie, du clergĂ©, de la bourgeoisie, des paysans, de la plĂšbe urbaine et mĂȘme du prolĂ©tariat » concept un peu anachronique dans la France du XVIIIe siĂšcle sont passĂ©s en revue. Mais le jacobinisme reste suspendu dans l’air, dans le ciel de la politique antique » – ou alors associĂ© de façon un peu rapide Ă  l’ensemble des couches plĂ©bĂ©iennes, non bourgeoises. Si dans les Ɠuvres sur la rĂ©volution de 1848-1852 Marx n’hĂ©site pas Ă  qualifier les hĂ©ritiers modernes de la Montagne comme dĂ©mocrates petits-bourgeois », il est trĂšs rare qu’il Ă©tende cette dĂ©finition sociale aux Jacobins de 1793. Un des seuls passages oĂč cela est suggĂ©rĂ© se trouve dans la circulaire de mars 1850 Ă  la Ligue des Communistes Tout comme lors de la premiĂšre RĂ©volution française, les petits-bourgeois donneront les terres fĂ©odales en tant que libre propriĂ©tĂ© aux paysans, c’est Ă  dire qu’ils voudront 
 favoriser une classe paysanne petite-bourgeoise qui accomplisse le mĂȘme cycle de paupĂ©risation et d’endettement dans lequel le paysan français est actuellement renfermĂ© ».[17] Mais ils ’agit Ă  nouveau d’une remarque en passant », oĂč les Jacobins ne sont mĂȘme pas explicitement dĂ©signĂ©s. C’est un fait curieux, mais il y a trĂšs peu d’élĂ©ments chez Marx ou Engels pour une analyse de classe des contradictions du jacobinisme – comme par exemple celle de Daniel GuĂ©rin, selon lequel le parti jacobin Ă©tait Ă  la fois petit-bourgeois Ă  la tĂȘte et populaire Ă  la base ».[18] En tous cas, une chose est claire 1793 n’était pas du tout, Ă  ses yeux, un paradigme pour la future rĂ©volution prolĂ©tarienne. Quelle que soit son admiration pour la grandeur historique et l’énergie rĂ©volutionnaire d’un Robespierre ou d’un Saint-Just, le jacobinisme est explicitement refusĂ© comme modĂšle ou source d’inspiration de la praxis rĂ©volutionnaire socialiste. Cela apparaĂźt dĂšs les premiers textes communistes de 1844, qui opposent l’émancipation sociale aux impasses et illusions du volontarisme politique des hommes de la Terreur. Mais c’est au cours des annĂ©es 1848-1852, dans les Ă©crits sur la France, que Marx va dĂ©noncer, avec la plus grande insistance, la superstition traditionnelle en 1793 », les pĂ©dants de la vieille tradition de 1793 », les illusions des rĂ©publicains de la tradition de 1793 », et tous ceux qui se grisent de l’opium des sentiments et des formules patriotiques de 1793 ». Raisonnement qui le conduit Ă  la cĂ©lĂšbre conclusion formulĂ©e dans Le Dix-Huit Brumaire La rĂ©volution sociale du XIXe siĂšcle ne peut pas tirer sa poĂ©sie du passĂ©, mais seulement de l’avenir. Elle ne peut pas commencer avec elle mĂȘme avant d’avoir liquidĂ© complĂštement toute superstition Ă  l’égard du passĂ© ».[19] C’est une affirmation bien discutable – la Commune de 1793 a inspirĂ©e celle de 1871 et celle-ci, Ă  son tour, a nourri Octobre 1917 -, mais elle tĂ©moigne de l’hostilitĂ© de Marx a toute rĂ©surgence du jacobinisme dans le mouvement prolĂ©tarien. Cela ne signifie nullement que Marx ne perçoit pas, au sein de la RĂ©volution française, des personnages, des groupes et des mouvements prĂ©curseurs du socialisme. Dans un passage trĂšs connu de La Sainte-Famille, il passe rapidement en revue les principaux reprĂ©sentants de cette tendance Le mouvement rĂ©volutionnaire qui commença en 1789 au cercle social, qui, au milieu de sa carriĂšre, eut pour reprĂ©sentants principaux Leclerc et Roux et finit par succomber provisoirement avec la conspiration de Babeuf, avait fait germer l’idĂ©e communiste que l’ami de Babeuf, Buonarroti rĂ©introduisit en France aprĂšs la rĂ©volution de 1830. Cette idĂ©e, dĂ©veloppĂ©e avec consĂ©quence, c’est l’idĂ©e du nouvel Ă©tat du monde ».[20] Curieusement, Marx ne semble s’intĂ©resser qu’à l’idĂ©e communiste, et ne prĂȘte pas beaucoup d’attention au mouvement social, Ă  la lutte des classes au sein du Tiers Etat. Par ailleurs, il ne s’occupera plus, dans ses Ă©crits postĂ©rieurs, de ces germes communistes » de la RĂ©volution française Ă  l’exception de Babeuf et n’essaiera jamais d’étudier les affrontements de classes entre bourgeois et bras-nus au cours de la RĂ©volution. Chez le vieux Engels en 1889, on trouve quelques rĂ©fĂ©rences rapides au conflit entre la Commune HĂ©bert, Chaumette et le ComitĂ© de Salut Public Robespierre, mais il n’est pas question du courant enragĂ© reprĂ©sentĂ© par Jacques Roux.[21] Parmi ces figures de prĂ©curseurs, Babeuf est donc le seul qui semble rĂ©ellement important aux yeux de Marx et d’Engels, qui s’en rĂ©fĂšrent Ă  plusieurs reprises. Par exemple, dans l’article contre Heinzen 1847, Marx observe La premiĂšre apparition d’un parti communiste rĂ©ellement agissant se trouve dans le cadre de la rĂ©volution bourgeoise, au moment oĂč la monarchie constitutionnelle est supprimĂ©e. Les rĂ©publicains les plus consĂ©quents, en Angleterre les Niveleurs, en France Babeuf, Buonarroti, sont les premiers Ă  avoir proclamĂ© ces questions sociales. La conspiration de Babeuf, dĂ©crite par son ami et compagnon Buonarroti, montre comment ces rĂ©publicains ont puisĂ© dans le mouvement de l’histoire l’idĂ©e qu’en Ă©liminant la question sociale de la monarchie ou de la rĂ©publique, on n’avait pas encore rĂ©solu la moindre question sociale dans le sens du prolĂ©tariat ». D’autre part, la phrase, dans le Manifeste Communiste », qui dĂ©crit les premiĂšres tentatives du prolĂ©tariat pour imposer directement son propre intĂ©rĂȘt de classe » – tentatives qui ont eu lieu dans la pĂ©riode du bouleversement de la sociĂ©tĂ© fĂ©odale -, se rĂ©fĂšre elle aussi Ă  Babeuf[22] explicitement mentionnĂ© dans ce contexte. Cet intĂ©rĂȘt est comprĂ©hensible, dans la mesure oĂč plusieurs courants communistes dans la France d’avant 1848 Ă©taient plus ou moins directement inspirĂ©s par le babouvisme. Mais la question des mouvements populaires sans-culottes » anti-bourgeois – et plus avancĂ©s que les Jacobins – des annĂ©es 1793-1794 reste peu abordĂ©e par Marx ou Engels. Une rĂ©volution permanente ? Peut-on dire dans ces conditions que Marx a perçu, dans la RĂ©volution française, non seulement la rĂ©volution bourgeoise mais aussi une dynamique de rĂ©volution permanente, en embryon de rĂ©volution prolĂ©tarienne » dĂ©bordant du cadre strictement bourgeois ? Oui et non
 Il est vrai, comme nous l’avons vu plus haut, que Marx utilise en 1843-1844 le terme rĂ©volution permanente » pour dĂ©signer la politique de la Terreur. Daniel GuĂ©rin interprĂšte cette formule comme allant dans le sens de sa propre interprĂ©tation de la RĂ©volution française Marx employa l’expression de rĂ©volution permanente Ă  propos de la RĂ©volution française. Il montra que le mouvement rĂ©volutionnaire de 1793 tenta un moment de dĂ©passer les limites de la rĂ©volution bourgeoise ».[23] Cependant, le sens de l’expression chez Marx dans La Question Juive n’est pas du tout identique Ă  celui que lui attribue GuĂ©rin la rĂ©volution permanente » ne dĂ©signe pas Ă  ce moment un mouvement social, semi-prolĂ©tarien, qui essaie de dĂ©velopper la lutte de classes contre la bourgeoisie – en dĂ©bordant le pouvoir jacobin -, mais une vaine tentative de la vie politique » incarnĂ©e par les Jacobins pour s’émanciper de la sociĂ©tĂ© civile/bourgeoise et supprimer celle-ci par la guillotine. La comparaison que Marx esquisse un an plus tard La Sainte-Famille entre Robespierre et NapolĂ©on, ce dernier Ă©tant censĂ© accomplir la Terreur en remplaçant la rĂ©volution permanente par la guerre permanente », illustre bien la distance entre cette formule et l’idĂ©e d’un germe de rĂ©volution prolĂ©tarienne. L’autre exemple que donne GuĂ©rin dans le mĂȘme paragraphe est un article de janvier 1849 oĂč Engels indique la rĂ©volution permanente » comme un des traits caractĂ©ristiques de la glorieuse annĂ©e 1793 ». Or, dans cet article, Engels mentionne comme exemple contemporain de cette rĂ©volution permanente » le soulĂšvement national/populaire hongrois de 1848 dirigĂ© par Lajos Kossuth, qui Ă©tait pour sa nation Danton et Carnot en une seule personne ». Il est Ă©vident que pour Engels ce terme Ă©tait simplement synonyme de mobilisation rĂ©volutionnaire du peuple et n’avait pas du tout le sens d’une transcroissance socialiste de la rĂ©volution.[24] Ces remarques ne visent pas Ă  critiquer Daniel GuĂ©rin mais au contraire Ă  mettre en relief la profonde originalitĂ© de sa dĂ©marche il n’a pas simplement dĂ©veloppĂ© des indications dĂ©jĂ  prĂ©sentes chez Marx et Engels, mais a formulĂ©, en utilisant la mĂ©thode marxiste, une interprĂ©tation nouvelle, qui met en Ă©vidence la dynamique permanentiste » du mouvement rĂ©volutionnaire des bras-nus en 1793-1794. Cela dit il n’y a pas de doute que l’expression rĂ©volution permanente » est Ă©troitement associĂ©e, chez Marx et Engels, aux souvenirs de la RĂ©volution française. Ce lien se situe Ă  trois niveaux -L’origine immĂ©diate de la formule renvoie probablement au fait que les clubs rĂ©volutionnaires se dĂ©claraient souvent comme assemblĂ©s en permanence ». Cette expression apparaĂźt d’ailleurs dans un des livres allemands sur la rĂ©volution que Marx avait lu en 1843-1844.[25] -L’expression implique aussi l’idĂ©e d’une avancĂ©e ininterrompue de la rĂ©volution, de la monarchie Ă  la constitutionnelle, de la rĂ©publique girondine Ă  la jacobine, etc. -Dans le contexte des articles de 1843-1844, elle suggĂšre une tendance de la rĂ©volution politique dans sa forme jacobine Ă  devenir une fin en soi et Ă  entrer en conflit avec la sociĂ©tĂ© civile/bourgeoise. En revanche, l’idĂ©e de rĂ©volution permanente au sens fort – celui du marxisme rĂ©volutionnaire du XXe siĂšcle – apparaĂźt chez Marx pour la premiĂšre fois en 1844, Ă  propos de l’Allemagne. Dans l’article Contributions Ă  la critique de la philosophie du droit de Hegel », il constate l’incapacitĂ© pour la bourgeoisie allemande de remplir son rĂŽle rĂ©volutionnaire au moment oĂč elle se met en lutte contre la royautĂ© et la noblesse, le prolĂ©taire est dĂ©jĂ  engagĂ© dans le combat contre le bourgeois. A peine la classe moyenne ose-t-elle concevoir, de son point de vue, la pensĂ©e de son Ă©mancipation, que dĂ©jĂ  l’évolution des conditions sociales et le progrĂšs de la thĂ©orie politique dĂ©clare ce point de vue pĂ©rimĂ©, ou du moins problĂ©matique ». Il s’ensuit qu’en Allemagne, ce n’est pas la rĂ©volution radicale, l’émancipation universellement humaine qui est [
] un rĂȘve utopique ; c’est bien plutĂŽt la rĂ©volution partielle, la rĂ©volution purement politique, la rĂ©volution qui laisse subsister les piliers de la maison ». En d’autres termes En France, l’émancipation partielle est le fondement de l’émancipation universelle. En Allemagne, l’émancipation universelle est la condition sine qua non de toute Ă©mancipation partielle.[26] C’est donc en opposition au modĂšle purement politique », partiel » de la RĂ©volution française que s’esquisse, dans un langage encore philosophique l’idĂ©e que la rĂ©volution socialiste devra, dans certains pays, accomplir les tĂąches historiques de la rĂ©volution dĂ©mocratique-bourgeoise. Ce n’est qu’en mars 1850, dans la circulaire Ă  la Ligue des Communistes, que Marx et Engels vont fusionner l’expression française avec l’idĂ©e allemande, la formule inspirĂ©e par la rĂ©volution de 1789-1794 avec la perspective d’une transcroissance prolĂ©tarienne de la rĂ©volution dĂ©mocratique allemande Tandis que les petits-bourgeois dĂ©mocratiques veulent terminer la rĂ©volution au plus vite 
 il est de notre intĂ©rĂȘt et de notre devoir de rendre la rĂ©volution permanente, jusqu’à ce que toute les classes plus ou moins possĂ©dantes aient Ă©tĂ© chassĂ©es du pouvoir, que le prolĂ©tariat ait conquis le pouvoir public » dans les principaux pays du monde, et concentrĂ© dans ses mains les forces productives dĂ©cisives ».[27] C’est dans ce document que l’expression rĂ©volution permanente » gagne pour la premiĂšre le sens qu’elle aura par la suite au cours du XXe siĂšcle notamment chez Trotsky. Dans sa nouvelle conception, la formule garde de son origine et du contexte historique de la RĂ©volution française surtout le deuxiĂšme aspect mentionnĂ© ci-dessus l’idĂ©e d’une progression, d’une radicalisation et d’un approfondissement ininterrompus de la rĂ©volution. On retrouve aussi l’aspect de la confrontation avec la sociĂ©tĂ© civile/bourgeoise mais contrairement au modĂšle jacobin de 1793, celle-ci n’est plus l’Ɠuvre terroriste nĂ©cessairement vouĂ©e Ă  l’échec de la sphĂšre politique en tant que telle – qui essaie en vain de s’attaquer Ă  la propriĂ©tĂ© privĂ©e par la guillotine – mais bien de l’intĂ©rieur de la sociĂ©tĂ© civile elle-mĂȘme, sous la forme de rĂ©volution sociale prolĂ©tarienne. Quel hĂ©ritage ? Quel est donc l’hĂ©ritage de la RĂ©volution française pour le marxisme du XXe siĂšcle ? Comme nous l’avons vu, Marx pensait que le prolĂ©tariat socialiste devait se dĂ©barrasser du passĂ© rĂ©volutionnaire du XVIIIe siĂšcle. La tradition rĂ©volutionnaire lui apparaĂźt comme un phĂ©nomĂšne essentiellement nĂ©gatif La tradition de toutes les gĂ©nĂ©rations mortes pĂšse comme un cauchemar sur le cerveau des vivants. Et mĂȘme quand ils semblent occupĂ©s Ă  se transformer, eux et les choses, Ă  crĂ©er quelque chose de tout Ă  fait nouveau, c’est prĂ©cisĂ©ment Ă  ces Ă©poques de crises rĂ©volutionnaires qu’ils appellent craintivement les esprits du passĂ© Ă  leur rescousse, qu’ils leurs empruntent leurs noms, leurs mot d’ordres, leurs costumes. 
 Les rĂ©volutions antĂ©rieures avaient besoin de rĂ©miniscences historiques pour se dissimuler Ă  elles-mĂȘmes leur propre contenu. La rĂ©volution du XIXe siĂšcle doit laisser les morts enterrer leurs morts pour rĂ©aliser son propre objet. »[28] Bien entendu, cette remarque se situe dans un contexte prĂ©cis, celui d’une polĂ©mique de Marx contre la caricature de Montagne » des annĂ©es 1848-1852, mais elle prĂ©sente aussi une visĂ©e plus gĂ©nĂ©rale. Il me semble que Marx a Ă  la fois raison et tort
 Il a raison, dans la mesure oĂč les marxistes ont souvent voulu s’inspirer, au cours du XXe siĂšcle, du paradigme de la RĂ©volution française, avec des rĂ©sultats assez nĂ©gatifs. C’est le cas, tout d’abord, du marxisme russe, dans ses deux grandes branches PlĂ©khanov et les mencheviques – qui croyaient que la bourgeoisie dĂ©mocratique russe allait jouer dans la lutte contre le tsarisme le mĂȘme rĂŽle rĂ©volutionnaire que la bourgeoisie française a jouĂ© selon Marx dans la rĂ©volution de 1789. A partir de ce moment, le concept de bourgeoisie rĂ©volutionnaire »est entrĂ© dans le vocabulaire des marxistes et est devenu un Ă©lĂ©ment clĂ© dans l’élaboration des stratĂ©gies politiques – en ignorant l’avertissement de Marx, Ă  propos de l’Allemagne mais avec des indications plus gĂ©nĂ©rales les classes bourgeoises qui arrivent trop tard qui sont dĂ©jĂ  menacĂ©es par le prolĂ©tariat ne pourront pas avoir une pratique rĂ©volutionnaire consĂ©quente. Bien entendu, grĂące au stalinisme, le dogme de la bourgeoisie dĂ©mocratique-rĂ©volutionnaire ou nationale et l’idĂ©e d’une rĂ©pĂ©tition – dans des nouvelles conditions – du paradigme de 1789 ont Ă©tĂ© une composante essentielle de l’idĂ©ologie du mouvement communiste dans les pays coloniaux, semi-coloniaux et dĂ©pendants, depuis 1926, avec des consĂ©quences nĂ©fastes pour les classes dominĂ©es. LĂ©nine et les bolcheviques qui n’avaient pas, eux, des illusions sur la bourgeoisie libĂ©rale russe, mais qui avaient pris surtout avant 1905, le jacobinisme comme modĂšle politique. Il en rĂ©sultait une conception souvent autoritaire du parti, de la rĂ©volution et du pouvoir rĂ©volutionnaire
 Rosa Luxemburg et LĂ©on Trotsky vont critiquer – notamment au cours des annĂ©es 1903-1905 – ce paradigme jacobin, en insistant sur la diffĂ©rence essentielle entre l’esprit, les mĂ©thodes, les pratiques et les formes d’organisation marxistes et celles de Robespierre et ses amis. On peut considĂ©rer L’Etat et la RĂ©volution, de LĂ©nine, comme un dĂ©passement de ce modĂšle jacobin. Traiter Staline et ses acolytes d’hĂ©ritiers du jacobinisme serait trop injuste envers les rĂ©volutionnaires de 1793, et comparer la Terreur du ComitĂ© de Salut Public avec celle du GPU des annĂ©es 1930 est une absurditĂ© historique Ă©vidente. En revanche, on peut repĂ©rer la prĂ©sence d’un Ă©lĂ©ment jacobin chez un marxiste aussi subtile et novateur qu’Antonio Gramsci. Tandis que, dans ses articles de 1919 pour Ordine Nuovo, il proclamait que le parti prolĂ©tarien ne doit pas ĂȘtre un parti qui se sert de la masse pour tenter une imitation hĂ©roĂŻque des Jacobins français », dans ses Cahiers de Prison des annĂ©es 1930, on trouve une vision assez autoritaire du parti d’avant-garde prĂ©sentĂ©e explicitement comme l’hĂ©ritier lĂ©gitime de la tradition de Machiavel et des Jacobins.[29] A un autre niveau, il me semble toutefois que Marx avait tort de nier toute valeur pour le combat socialiste Ă  la tradition rĂ©volutionnaire de 1789-1794. Sa propre pensĂ©e en est un excellent exemple l’idĂ©e mĂȘme de rĂ©volution dans ses Ă©crits et ceux d’Engels, comme mouvement insurrectionnel des classes dominĂ©es qui renverse un Etat oppresseur et un ordre social injuste, a Ă©tĂ© dans une trĂšs large mesure inspirĂ©e par cette tradition
 D’une façon plus gĂ©nĂ©rale, la grande RĂ©volution française fait partie de la mĂ©moire collective du peuple travailleur – en France, en Europe et dans le monde entier – et constitue une des sources vitales de la pensĂ©e socialiste, dans toutes ses variantes communisme et anarchisme y compris. Contrairement Ă  ce qu’avait Ă©crit Marx dans Le Dix-Huit Brumaire, sans poĂ©sie du passĂ© », il n’y a pas de rĂȘve d’avenir
 D’une certaine maniĂšre, l’hĂ©ritage de la RĂ©volution française reste encore aujourd’hui, vivant, actuel, actif. Il garde quelque chose d’inachevé  Il contient une promesse non encore accomplie. Il est le commencement d’un processus qui n’est pas encore terminĂ©. La meilleure preuve en est les tentatives rĂ©pĂ©tĂ©es et insistantes de mettre fin, une bonne fois pour toutes, officiellement et dĂ©finitivement, Ă  la RĂ©volution française. NapolĂ©on a Ă©tĂ© le premier Ă  dĂ©crĂ©ter, le Dix-Huit Brumaire, que la rĂ©volution Ă©tait finie. D’autres se sont livrĂ©s, au cours des siĂšcles, Ă  ce type d’exercices, repris aujourd’hui avec un bel aplomb par François Furet. Or, qui aurait de nos jours l’idĂ©e saugrenue de dĂ©clarer terminĂ©e » la RĂ©volution anglaise de 1648 ? Ou la RĂ©volution amĂ©ricaine de 1778 ? Ou la RĂ©volution de 1830 ? Si l’on s’acharne tellement sur celle de 1789-1794, c’est prĂ©cisĂ©ment parce qu’elle est loin d’ĂȘtre terminĂ©e – c’est Ă  dire parce qu’elle continue Ă  manifester ses effets dans le champ politique et dans la vie culturelle, dans l’imaginaire social et dans les luttes idĂ©ologiques en France et ailleurs. Quels sont les aspects de cet hĂ©ritage les plus dignes d’intĂ©rĂȘts ? Quelles sont les esprits du passĂ© Marx qui mĂ©ritent d’ĂȘtre Ă©voquĂ©s deux cent ans aprĂšs ? Quels sont les Ă©lĂ©ments de la tradition rĂ©volutionnaire de 1789-1794 qui tĂ©moignent le plus profondĂ©ment de cet inachĂšvement ? On pourrait en mentionner au moins quatre, parmi les plus importants 1. La RĂ©volution française a Ă©tĂ© un moment privilĂ©giĂ© dans la constitution du peuple opprimĂ© – la masse innombrable Marx des exploitĂ©s – comme sujet historique, comme acteur de sa propre libĂ©ration. Dans ce sens, elle a Ă©tĂ© un pas gigantesque dans ce que Ernst Bloch appelle la marche debout de l’HumanitĂ© » – un processus historique qui est encore loin d’ĂȘtre achevé  Bien sĂ»r, on en trouve des prĂ©cĂ©dents dans les mouvements antĂ©rieurs la Guerre des Paysans du XVIe siĂšcle, la RĂ©volution anglaise du XVIIe siĂšcle, mais aucun n’atteint la clartĂ©, la force politique et morale, la vocation universelle et hardiesse spirituelle de la rĂ©volution de 1789-1974 – jusqu’à cette Ă©poque, la plus colossale Marx de toutes. 2. Au cours de la RĂ©volution française sont apparus des mouvements sociaux dont les aspirations dĂ©passaient les limites bourgeoises du processus initiĂ© en 1789. Les principales forces de ce mouvement – les bras-nus, les femmes rĂ©publicaines, les EnragĂ©s, les Egaux et leurs porte-paroles Jacques Roux, Leclerc, etc. – ont Ă©tĂ© vaincues, Ă©crasĂ©es, guillotinĂ©es. Leur mĂ©moire – systĂ©matiquement refoulĂ©e de l’histoire officielle – fait partie de la tradition des opprimĂ©s dont parlait Walter Benjamin, la tradition des ancĂȘtres martyrisĂ©s dont se nourrit le combat d’aujourd’hui. Les travaux de Daniel GuĂ©rin et Maurice Dommanget – deux marginaux extĂ©rieurs Ă  l’historiographie universitaire – ont sauvĂ© de l’oubli les bras-nus et les EnragĂ©s, tandis que des recherches plus rĂ©centes dĂ©couvrent peu Ă  peu toute la richesse de la moitiĂ© cachĂ©e » du peuple rĂ©volutionnaire les femmes. 3. La RĂ©volution française a fait germer les idĂ©es d’un nouvel Ă©tat du monde », les idĂ©es communistes le cercle social », Babeuf, Sylvain MarĂ©chal, François Bossel, etc. et fĂ©ministes Olympe de Gouges, ThĂ©roigne de MĂ©ricourt. L’explosion rĂ©volutionnaire a libĂ©rĂ© des rĂȘves, des images de dĂ©sir et des exigences sociales radicales. Dans ce sens aussi elle est porteuse d’un avenir qui reste ouvert et inachevĂ©. 4. Les idĂ©aux de la RĂ©volution française – LibertĂ©, EgalitĂ©, FraternitĂ©, les Droits de l’Homme notamment dans leur version de 1793, la souverainetĂ© du Peuple – contiennent un surplus utopique »Ernest Bloch qui dĂ©borde l’usage qu’en a fait la bourgeoisie. Leur rĂ©alisation effective exige l’abolition de l’ordre bourgeois. Comme le souligne avec une force visionnaire Ernest Bloch, libertĂ©, Ă©galitĂ©, fraternitĂ© font aussi partie des engagements qui ne furent pas honorĂ©s, ils ne sont donc pas encore rĂ©glĂ©s, Ă©teints ». Ils possĂšdent en eux cette promesse, et cette teneur utopique concrĂšte d’une promesse » qui ne sera rĂ©alisĂ©e que par la rĂ©volution socialiste et par la sociĂ©tĂ© sans classe. En un mot libertĂ©, Ă©galitĂ©, fraternitĂ© – l’orthopĂ©die telle qu’on l’a tentĂ©e, de la marche debout, de la fiertĂ© humaine – renvoie bien au-delĂ  de l’horizon bourgeois ».[30] Conclusion et morale de l’Histoire avec un H » majuscule la RĂ©volution française de 1789-1794 n’a Ă©tĂ© qu’un dĂ©but. Le combat continue
 Ce texte a Ă©tĂ© publiĂ© dans l’ouvrage collectif Permanences de la RĂ©volution, Paris, Éditions la BrĂšche, 1989. La retranscription et les intertitres ont Ă©tĂ© Ă©tablis par le site Notes [1] K. Marx, Die Deutsche Ideologie », 1846, Berlin, Dietz Verlag, 1960, p. 92. [2] K. Marx, Die Heilige Familie », 1845, Berlin, Dietz Verlag, 1953, p. 196. [3] K. Marx, La bourgeoisie et la contre-rĂ©volution », 1848, dans Marx et Engels, Sur la RĂ©volution française » SRF, Messidor, 1985, p. 121. Outre ce recueil prĂ©parĂ© pour les Editions Sociales par Claude Mainfroy, il en existe un autre, contenant uniquement les Ă©crits de Marx avec une longue introduction de F. Furet rassemblĂ©s par Lucien Calviez Marx et la RĂ©volution française » MRF, Flammarion, 1986. Les deux recueils sont incomplets. J’utilise tantĂŽt l’un, tantĂŽt l’autre, et parfois l’original allemand notamment pour les textes qui ne figurent dans aucun des recueils. [4] K. Marx, Le Dix-Huit Brumaire », citĂ© dans SRF, p. 148 ; – Id., La Guerre Civile en France » premier et second essai de rĂ©daction, citĂ© dans SRF, p. 187-192. [5] F. Furet, Marx et la RĂ©volution française », Flammarion, 1986, p. 81-84. Cf. p. 83 Mais pour affirmer l’universalitĂ© abstraite de la libertĂ©, la RĂ©volution a dĂ» procĂ©der par une scission entre sociĂ©tĂ© civile et Etat, en dĂ©duire, pour ainsi dire, le politique du social. C’est son erreur, c’est son Ă©chec, en mĂȘme temps que celui des thĂ©ories du contrat, et notamment de Rousseau. » [6] K. Marx, Introduction Ă  la Contribution Ă  la Critique de la Philosophie du Droit de Hegel », 1944, NRF, p. 152. [7] K. Marx, La bourgeoisie et la contre-rĂ©volution », 1848, dans Marx et Engels, Sur la RĂ©volution française » SRF, Messidor, 1985, p. 123. [8] K. Marx, Projet de Loi sur l’abrogation des charges fĂ©odales », 1848, SRF, p. 107. [9] K. Marx, L’IdĂ©ologie allemande », citĂ© dans NRF p. 187. [10] K. Marx, La critique moralisante et la morale critique contre Karl Heinzen », NRF p. 207. [11] K. Marx, L’IdĂ©ologie allemande », citĂ© dans NRF p. 184 et 181. [12] K. Marx, La critique moralisante et la morale critique contre Karl Heinzen », SRF p. 90. [13] K. Marx, La Question Juive », 1844, Oeuvres Philosophiques, Costes, 1934, p. 180-181. Je reviendrai plus bas sur le sens qu’il faudrait attribuer Ă  l’expression rĂ©volution Ă  l’état permanent » dans ce contexte. [14] K. Marx, La Sainte-Famille », 1845, citĂ© dans NRF p. 170-171. [15] K. Marx, Le Dix-Huit Brumaire de Louis Bonaparte », 1852, citĂ© dans SRF p. 145-146. [16] K. Marx, La bourgeoisie et la contre-rĂ©volution », 1848, dans Marx et Engels, Sur la RĂ©volution française » SRF, Messidor, 1985, p. 121. Cf. aussi l’article contre Karl Heinzen de 1847 En assĂ©nant ces violents coups de masse, la Terreur ne devait donc servir en France qu’à faire disparaĂźtre du territoire français, comme par enchantement, les ruines fĂ©odales. La bourgeoisie timorĂ©e et conciliante n’eĂ»t pas eu assez de plusieurs dĂ©cennies pour accomplir cette besogne. » SRF, p. 90. [17] K. Marx et F. Engels, Adresse de l’autoritĂ© centrale Ă  la Ligue des Communistes », mars 1850, citĂ© dans SRF, p. 137 et 138. [18] Daniel GuĂ©rin, La lutte de classes sous la PremiĂšre RĂ©publique », Gallimard, 1946, p. 12. [19] Cf. SRF p. 103, 115, 118 ; – NRF, p. 238, 247. [20] CitĂ© dans SRF p. 62. [21] Lettre d’Engels Ă  Karl Kautsky, 20 fĂ©vrier 1889, citĂ© dans SRF p. 245-246. [22] K. Marx, La critique moralisante et la morale critique contre Karl Heinzen », est citĂ© dans SRF p. 91 et le passage du Manifeste » se trouve dans NRF p. 215. [23] Daniel GuĂ©rin, La lutte de classes sous la PremiĂšre RĂ©publique », Gallimard, 1946, p. 7. [24] Ibid. Cf. Engels Der Magyarische Kampf », Marx-Engels Werke, Dietz Verlag, Berlin 1961, Tome 6, p. 166. [25] Cf. W. Wachsmuth, Geschichte Frankreichs im Revolutionalter », Hambourg, 1842, Vol. 2, p. 341 Von den Jakobineren ging die nachricht ein, dass sie in Permanenz erklĂ€rt hatten. ». [26] K. Marx, Contribution Ă  la Critique de la Philosophie du Droit de Hegel », 1944, citĂ© dans NRF, p. 151-153. [27] K. Marx et F. Engels, Adresse de l’autoritĂ© centrale Ă  la Ligue des Communistes », mars 1850, Karl Marx devant les jurĂ©s de Cologne », Costes 1939, p. 238. [28] K. Marx, Le Dix-Huit Brumaire de Louis Bonaparte », 1852, citĂ© dans SRF p. 245-247. [29] A. Gramsci, Ordine Nuovo », Einaudi, Turin, 1954, p. 139-140 ; – Note sul Machiaveli, sul la politica e sul lo stato moderno », Einaudi, Turin, 1955, p. 6 Ă  8, 18, 26. [30] Ernst Bloch, Droit naturel et dignitĂ© humaine », Payot, 1976, p. 178-179. Article publiĂ© le 11/05/2020 mis Ă  jour le 18/11/2021 histoire La RĂ©volution française est un point majeur dans l’histoire de France. Elle a amenĂ© de nombreux changements dans notre pays mais Ă©galement en Europe. Pour apprendre ou simplement se remĂ©morer les grandes Ă©tapes, nous vous rĂ©capitulons le dĂ©roulement et les principales dates de cette rĂ©volution historique. Qu’est-ce que la RĂ©volution française ? Il s’agit d’une pĂ©riode s’étendant du 5 mai 1789 au 9 novembre 1799 qui a Ă©tĂ© marquĂ©e par de profonds changements sociaux et politiques en France puis en Europe. Elle a dĂ©butĂ© sous le rĂšgne du roi Louis XVI dans un contexte de crise financiĂšre et de fortes tensions politiques, alimentĂ©es par un profond dĂ©sir de rĂ©forme chez le peuple français pour un État plus efficace et un systĂšme monarchique amĂ©liorĂ©. Cette rĂ©volution s’est manifestĂ©e par des Ă©pisodes de violence envers le pouvoir en place et Ă©galement entre groupes rĂ©volutionnaires rivaux. Les dates Ă  retenir de la RĂ©volution française 5 mai 1789 Ouverture des États gĂ©nĂ©raux Ă  Versailles l’assemblĂ©e des trois ordres clergĂ©, noblesse, tiers Ă©tat commence Ă  se rĂ©unir Ă  la demande du roi Louis XVI pour trouver une solution au dĂ©ficit budgĂ©taire. 20 juin 1789 Serment du Jeu de Paume une grande partie des dĂ©putĂ©s du tiers Ă©tat ainsi qu’une partie des dĂ©putĂ©s du clergĂ© et de la noblesse font le serment solennel de s’unir en tant qu’assemblĂ©e constituante afin de crĂ©er une Constitution. 14 juillet 1789 Prise de la Bastille des Ă©meutiers issus du peuple parisien prennent d’assaut la Bastille, Ă  l’époque forteresse royale servant de prison, crĂ©ant un mouvement rĂ©volutionnaire Ă  l’échelle de la capitale puis du pays. 4 aoĂ»t 1789 Abolition des privilĂšges et des droits fĂ©odaux l’AssemblĂ©e nationale constituante vote leur suppression pour rĂ©pondre aux insurrections qui sĂ©vissent dans les campagnes françaises. 26 aoĂ»t 1789 Adoption de la DĂ©claration des droits de l’homme et du citoyen l’AssemblĂ©e constituante dĂ©livre la DĂ©claration, en prĂ©ambule de la future Constitution. Elle est promulguĂ©e par le roi sous la pression des Ă©meutes. 21 juin 1791 Fuite de Varennes Louis XVI et sa famille sont arrĂȘtĂ©s alors qu’ils tentent de se rendre dans un bastion royaliste de la Meuse pour enclencher une contre-rĂ©volution. 17 juillet 1791 Fusillade du Champ-de-Mars une fusillade orchestrĂ©e par la garde nationale Ă©clate lors d’un rassemblement populaire visant Ă  signer une pĂ©tition pour obtenir la destitution du roi et la proclamation d’une rĂ©publique. L’évĂšnement engendre une rupture idĂ©ologique dans la classe politique monarchie constitutionnelle club des Feuillants / dĂ©mocratie club des Jacobins. 14 septembre 1791 Naissance de la monarchie constitutionnelle Louis XVI accepte de prĂȘter serment Ă  la toute premiĂšre Constitution. 10 aoĂ»t 1792 Prise des Tuileries une nouvelle insurrection prend d’assaut le Palais des Tuileries oĂč siĂšge le pouvoir exĂ©cutif. C’est lors de cette journĂ©e qu’est créé un chant de marche par les fĂ©dĂ©rĂ©s marseillais, qui sera appelĂ© "La Marseillaise". Cet Ă©vĂ©nement entraĂźne la fin de la monarchie. 21 septembre 1792 Abolition de la monarchie et naissance de la 1Ăšre RĂ©publique sous le rĂ©gime politique de la Convention nationale. 21 janvier 1793 ExĂ©cution de Louis XVI Ă  la suite de son procĂšs. Les partisans du roi, appelĂ©s les VendĂ©ens ou les contre-rĂ©volutionnaires, prennent les armes pour manifester leur mĂ©contentement. Septembre 1793 DĂ©but de la Terreur grande pĂ©riode de rĂ©pressions et de violences d’État menĂ©e par Robespierre envers tous les ennemis de la RĂ©publique en France et Ă  l’étranger. 26 juillet 1794 9 thermidor an II Fin de la Terreur Robespierre se fait arrĂȘter et est exĂ©cutĂ© avec certains de ses partisans. 26 octobre 1795 9 brumaire an IV DĂ©but du Directoire un nouveau rĂ©gime politique est instaurĂ© avec 5 chefs du gouvernement qui se partagent le pouvoir exĂ©cutif afin d’éviter toute nouvelle tyrannie. 9 novembre 1799 18 brumaire an VIII Coup d’État de NapolĂ©on Bonaparte et crĂ©ation d’un nouveau rĂ©gime politique le Consulat. Les points clĂ©s La rĂ©volution française marque la fin de la monarchie absolue et la fin de l’Ancien RĂ©gime, pour faire naĂźtre une monarchie constitutionnelle, qui sera finalement un Ă©chec et aboutira alors vers une RĂ©publique, la premiĂšre de l’histoire de France. Pendant la RĂ©volution française, la DĂ©claration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 a Ă©tĂ© créée, prĂŽnant des valeurs qui dominent encore largement la vie politique d’aujourd’hui. Les rebellions lors de la RĂ©volution française ont permis l’abolition de la sociĂ©tĂ© d’ordres privilĂšges, droits fĂ©odaux
 en France, mais pas seulement. Elles ont eu un effet boule de neige dans les autres pays d’Europe. La RĂ©volution française prend fin en mĂȘme temps que le Directoire avec le coup d’État de NapolĂ©on Bonaparte, qui instaure un nouveau rĂ©gime politique le Consulat. Cette fiche a Ă©tĂ© rĂ©digĂ©e par ClĂ©mence L. Les Ă©vĂ©nements de l’annĂ©e 1993 L’annĂ©e 1993 voit la disparition du bon vieux 45 tours
 mais elle sera aussi celle de la fin des travaux du tunnel sous la Manche et de la naissance de l’Union EuropĂ©enne. Voici quelques faits marquants de l’annĂ©e 1993, en France et Ă  l’étranger. Les dates clĂ©s de la conquĂȘte spatiale Les Ă©toiles sont tellement jolies vues depuis la terre que l’Homme, toujours avide de curiositĂ©, a voulu aller les voir de plus prĂšs. "Espace, frontiĂšre de l’infini
" voici les dates clĂ©s de la conquĂȘte spatiale. Les dates importantes de la vie de Louis XIV Il avait choisi le soleil pour emblĂšme et son chĂąteau de Versailles est l'un des tĂ©moignages de ses goĂ»ts fastueux. NĂ© en 1638 et mort en 1715, il devient roi de France et de Navarre alors qu'il a Ă  peine 5 ans et son rĂšgne sera le plus long de... Les dates importantes de la guerre de CorĂ©e La guerre de CorĂ©e a durĂ© 3 ans, de l'Ă©tĂ© 1950 Ă  l'Ă©tĂ© 1953. Dessinant aujourd'hui la frontiĂšre entre la CorĂ©e du Nord et la CorĂ©e du Sud, elle est l'un des premiers conflits de la Guerre Froide. Voici les dates importantes de la guerre de CorĂ©e. Les dates importantes de la vie de NapolĂ©on 1er NapolĂ©on Bonaparte est nĂ© le 15 aoĂ»t 1769 Ă  Ajaccio, et est dĂ©cĂ©dĂ© 51 ans plus tard sur l'Ăźle Sainte-HĂ©lĂšne. Personnage majeur de l'histoire de France, il deviendra Ă  35 ans le premier empereur des Français. Voici les dates importantes de la vie de NapolĂ©on Premier. Les dates importantes de la guerre de SĂ©cession La "Civil War" amĂ©ricaine, que l'on connaĂźt ici sous le nom de Guerre de SĂ©cession, a causĂ© 620 000 morts et a durĂ© 4 ans, presque jour pour jour. Pour comprendre l'origine de ce conflit majeur de l'histoire des États-Unis, voici les dates importantes de la Guerre de SĂ©cession. Les dates importantes de la guerre de Cent Ans La guerre de Cent Ans s'Ă©tend en rĂ©alitĂ© sur une pĂ©riode plus longue et alterne, entre 1337 et 1453, les combats et les trĂȘves entre les royaumes de France et d'Angleterre. Pour tout savoir sur cette pĂ©riode clĂ© du Moyen-Âge, voici les dates importantes de la Guerre de Cent Ans. Les dates importantes de la guerre d'Indochine La guerre d’Indochine est un point majeur dans l’histoire des colonies françaises. Elle est pourtant peu Ă©voquĂ©e, parfois mĂȘme ignorĂ©e. Pour apprendre ou simplement se remĂ©morer les grandes Ă©tapes, nous vous rĂ©capitulons le dĂ©roulement et les principales dates de ce conflit armĂ©. Les dates importantes de la Renaissance La Renaissance est une pĂ©riode de bouleversements scientifiques, intellectuels, politiques et artistiques en Europe, qui puise son inspiration dans l’AntiquitĂ©. Pour apprendre ou simplement se remĂ©morer les grandes dates de la Renaissance, nous vous rĂ©capitulons les points clĂ©s de cette pĂ©riode charniĂšre de l’histoire. Les dates importantes de la guerre d’AlgĂ©rie La guerre d’AlgĂ©rie est un conflit qui s’est dĂ©roulĂ© dans les annĂ©es 50 et 60 en AlgĂ©rie, colonie française Ă  l’époque, et qui a entraĂźnĂ© l’indĂ©pendance de l’AlgĂ©rie. Pour apprendre ou se remĂ©morer les dates importantes, nous vous rĂ©capitulons le dĂ©roulement de cette guerre.

considérations sur les principaux événements de la révolution française